Les Yeux de la forêt fait partie de ces films maudits de la firme Disney qui essayaient de lorgner tant bien que mal vers le cinéma sérieux. Du moins le cinéma pour adulte.
Signé John Hough, réalisateur spécialisé dans le fantastique avec quelques titres de gloire comme American Gothic, on pouvait espérer quelque chose de pas mal, et au final, ce film mérite, un peu le massacre dont il a été l’objet par la majorité de la critique.
Il ne se passe pas grand-chose. La majorité des « phénomènes » qui se passent sous nos yeux pendant l’essentiel du métrage n’est pas vraiment marquante. Vitre qui se casse, reflet de jeune fille aux yeux bandés, parfois ça se durcit un peu mais globalement Les Yeux de la forêt est plat, peu spectaculaire et doté de jumpscare facile. Une ou deux explosions de moto et de voiture viennent, par leur bruit tonitruant, réveiller un peu le spectateur qui pourra s’assoupir devant un film de genre au propos convenu, et au final peu concluant. Heureusement, le film est court, cela lui permet de ne pas virer à l’indigeste, et en dépit de son manque de matière (ou de son inexploitation pour faire consensuel), Hough parvient, tant bien que mal à faire exister un peu de suspense et de tension (certaines scènes avec Bette Davis notamment, au jeu ambigu).
Le casting affiche en effet une intéressante Bette Davis, la star du film, qui s’impose ici dans un personnage ambigu. Elle impose une belle présence, mais malgré sa présence le casting est globalement assez faible. Le film repose en effet sur deux jeunes actrices, Lynn-Holly Johnson et Kyle Richards, et même si elles font ce qu’elles peuvent avec manifestement de la bonne volonté, je n’ai pas trouvé leurs prestations assez solides. C’est souvent dans le surjeu, les moments intenses étant excessivement joué, dans un style théâtral pas très plaisant. Il est vrai aussi que les dialogues pas très enthousiasmants et les situations parfois presque grotesques (le final), n’aident pas.
La réalisation de Hough est correcte, et le film reste attractif sur la forme. Si l’on pourra s’ennuyer d’une histoire plate, en revanche les décors sont beaux, l’ambiance est intéressante, retrouvant un peu, parfois, le style Hammer, à grand renfort de décors gothiques (l’église), de fumées, et de séquences nocturnes. Peu effrayant néanmoins, Les Yeux de la forêt bénéficie du savoir-faire du réalisateur pour créer des atmosphères, et la bande son dans le ton apporte un petit plus non négligeable. Il ne faut pas attendre d’horreur graphique, même si on est dans un Disney sérieux, faut pas exagérer non plus !
En fait le souci des Yeux de la forêt c’est qu’on tient finalement 1 heure 30 pour pas grand-chose. Trop consensuel, refusant l’essentiel de ce qui fait un film d’épouvante digne de ce nom à défaut de faire un film d’horreur, d’une certaine manière on se retrouve devant ce film comme on pourrait se retrouver devant un Scream sans le sang et les morts, ou un Massacre à la tronçonneuse sans massacre et sans tronçonneuse. C’est un film plein de cache-sexe, et de fait l’histoire n’a plus vraiment de relief, et les acteurs se débattent comme de beaux diables au milieu d’un club des 5 un peu plus « mature ». 2