Moins original que "Satin rouge" ce deuxième film distribué en France de la Tunisienne Raja Amari retient cependant l'attention. Trois femmes, une mère déjà âgée et ses deux filles adultes, vivent en recluses dans une dépendance délabrée d'une grande maison abandonnée depuis longtemps et très isolée, bien que pas si loin d'une grande ville du Maghreb. Un jour arrive un jeune couple. La mère et Radhia, l'aînée, reconnaissent Ali, le petit-fils de l'ancienne propriétaire du domaine, quand elles y étaient domestiques. Il a maintenant une vingtaine d'années et l'intention de faire de la maison un endroit commode pour ses weekends avec Selma, sa petite amie étudiante comme lui, et aussi le lieu de fêtes bruyantes, sans crainte du voisinage. L'irruption va tourner court quand la mère et l'aînée kidnappent Selma : Ali, qui croit à un départ volontaire, à un abandon, déserte les lieux. Mais le trio de femmes doit faire face à un passé douloureux, sous les yeux de l'intruse. Il y a les petits secrets (la mère fume en cachette, Radhia se cache dans une des salles de bain pour des pratiques onanistes), et le SECRET, ce qui explique et justifie la vie loin du monde, dans le secret d'une maison secrète. Où est le bébé de Radhia, qui en était le géniteur ? La vérité reste au stade du non-dit, on la devine : elle est ignoble. A l'issue d'une scène d'hystérie d'Aïcha, la cadette, fragile et attardée (magnifique Hafsia Herzi), les évènements se précipitent : pendants du meurtre ancien revenu à la surface, trois autres homicides se succèdent en quelques plans terribles, inéluctables. Huis-clos quasi constant, à 3, puis 4 femmes (les hommes ne sont que des silhouettes : Ali en séducteur qui trouble (Radhia, Aïcha) mais est condamné à ne faire que passer, et le père, honni et disparu), "Les secrets" n'est pas exempt de quelques longueurs, et de certaines invraisemblances, mais globalement le résultat est prenant, en termes d'angoisse et de force psychologique.