Né à Bethel dans le Connecticut en 1810, le vrai P.T. Barnum peut être considéré comme le créateur du divertissement de masse et de l'ultra-célébrité. Doté d’un talent naturel pour le commerce, la communication et la publicité, il vendait déjà des billets de loterie à l’âge de 12 ans. Après s’être essayé à divers métiers, P.T. Barnum s’est tourné vers ce qu’il appelait le "show-business". Une fois installé à New York, il ouvre le Barnum’s American Museum de Broadway, où l’on pouvait admirer des dioramas, des instruments scientifiques, des objets étranges, une ménagerie d’animaux exotiques, un aquarium marin, des représentations théâtrales et des "attractions vivantes". Mais l'endroit est ravagé par un incendie. Il met alors sur pied The Greatest Show on Earth, un spectacle sous chapiteau qui deviendra plus tard le cirque Barnum.
Entrepreneur prospère, il était également sujet à controverse puisqu'il se surnommait lui-même "le prince des charlatans". On lui a attribué -il semblerait à tort- la phrase "à chaque minute, un naïf vient au monde". A sa mort en 1891, le Washington Post le décrivit comme "l’Américain le plus célèbre qui ait jamais vécu".
Si The Greatest Showman a pour héros P.T. Barnum, il ne s'agit pas pour autant d'un biopic de l'homme de spectacles. Ainsi, l'équipe du film a pris ses distances avec la chronologie des événements et n'a pas cherché à reproduire fidèlement les costumes ou décors de l'époque. Ce qui intéressait le réalisateur, c'était de transmettre la magie véhiculée par les spectacles de Barnum, de montrer à quel point il était un précurseur dans son domaine et de montrer la force avec laquelle il a cru en ses rêves : "Bien que nous ayons adapté son histoire sur le plan créatif, nous avons conservé les fondements de son existence."
Le producteur Laurence Mark et le coscénariste Bill Condon ont eu l'idée de The Greatest Showman alors qu'ils préparaient la cérémonie des Oscars 2009 présentée par Hugh Jackman. Laurence Mark se souvient : "En découvrant Hugh sur scène, je me suis dit que j’étais face au plus grand showman qui soit, c’est alors que le nom de P.T. Barnum m’a traversé l’esprit." Si l'acteur australien a été d'emblée emballé par le projet, il a fallu sept années supplémentaires pour que celui-ci aboutisse.
Une première version du scénario a été écrite par Jenny Bicks puis Bill Condon, scénariste de Chicago et réalisateur de Dreamgirls et La Belle et la Bête, est intervenu pour ajouter la touche musicale et dansante au script.
Enfin, Michael Gracey a rejoint l'aventure en tant que réalisateur. The Greatest Showman est son premier long métrage mais l'homme a auparavant fait ses preuves avec de nombreux clips vidéo et publicités, dont un célèbre spot pour la marque Lipton dans laquelle Hugh Jackman exposait déjà ses talents de danseur. Pour convaincre les producteurs qu'il avait les épaules suffisamment larges pour un tel projet, Michael Gracey leur a fait une présentation de 45 minutes qui mêlait récit, concept art et chansons.
Michael Gracey a bénéficié de l'aide d'un autre cinéaste lors de la post-production de The Greatest Showman. En effet, 20th Century Fox a fait appel à James Mangold pour superviser une semaine de reshoots, craignant que Michael Gracey, dont c'est le 1er film, ne soit submergé par l'ampleur de la tâche et ne craque sous la pression. Au final, Mangold, qui connaît bien Hugh Jackman pour l'avoir dirigé à trois reprises (dans Kate et Léopold, Wolverine : le combat de l'immortel et Logan), a collaboré au montage du film et est crédité au générique en tant que producteur exécutif.
Avant Hugh Jackman, d'autres acteurs ont interprété P.T. Barnum : Wallace Beery dans Le Grand Barnum en 1934, Burl Ives dans Le Grand Départ vers la lune en 1967 et Burt Lancaster dans le téléfilm Barnum en 1986.
L'équipe a tenu à ce que l'esthétique du film ne soit pas rattachée à une époque particulière. Ainsi, le style visuel mêle rétro et moderne, s'inspirant notamment du mouvement steampunk. Il en est de même pour la photographie, comme en témoigne Seamus McGarvey : "Nous avons travaillé dans cette optique, en choisissant consciemment des mouvements de caméra et des couleurs qu’on ne verrait jamais dans un film historique. Nous avons tourné avec des caméras numériques et une palette très moderne de couleurs saturées. Il existe aussi une certaine forme d’humour dans l’esthétique qui donne au film une tournure particulière - il défie constamment toutes les conventions, les habitudes liées aux films historiques guindés." La musique n'échappe pas à la règle : le réalisateur tenait en effet à créer un contraste entre l'atmosphère d'époque du film et la bande-originale résolument moderne, à l'instar de Moulin Rouge !.
Le spectacle de P.T. Barnum reposait en partie sur les "Curiosités", des artistes de cirque aux caractéristiques physiques rares. Si l'exhibition d'êtres humains est aujourd'hui condamnée, elle est dans le film représentée non pas comme une foire aux monstres mais comme une manière pour ces personnes d'échapper à une existence clandestine et marginale. Keala Settle, interprète de la femme à barbe, confie avoir accepté le rôle dans l’espoir d’encourager les spectateurs modernes à faire preuve de plus de tolérance.
Outre la femme à barbe, on retrouve dans les "Curiosités" Francesco Lentini l’homme à trois jambes, le général Tom Thumb (Tom Pouce, un nain qui mesurait 1,03m), le Lord de Leeds (un géant de 2,13m), l’Homme Chien, les frères siamois Chang et Eng et des danseurs albinos.
Derrière les tubes de The Greatest Showman, on trouve le duo Benj Pasek et Justin Paul qui, au moment de la production du film, n'étaient pas encore oscarisés pour leur travail sur La La Land. Le producteur Laurence Mark déclare à leur propos : "Benj et Justin ont un talent exceptionnel pour mêler le rock et la pop à l’univers musical contemporain de Broadway."
Le réalisateur Michael Gracey les a accompagnés tout au long du processus créatif, ce qui allait à l'encontre de leur manière de travailler. "Nous sommes très secrets (...). Mais Michael a collaboré à l’écriture de presque toutes les chansons, de leur conception à leur version finale" révèle Pasek.
Outre ce duo, John Debney (Le Livre de la jungle) et Joseph Trapanese ont collaboré à la musique originale du film.
Ce n'est pas la première fois que Hugh Jackman se frotte à l'exercice de la danse et de la chanson : après avoir foulé les planches de Broadway et avoir été primé aux Tony Awards, l'acteur australien a également présenté la 81e cérémonie des Oscars et s'est illustré dans le rôle de Jean Valjean dans la comédie musicale Les Misérables en 2012.
Lors de la préparation de The Greatest Showman, l'équipe a répété comme s’il s’agissait d’un spectacle live dans deux salles distinctes, l'une réservée aux répétitions de danse, l'autre pour les répétitions de chant. Il y avait également un petit studio où les morceaux pouvaient être enregistrés.
Censé reposer sa voix après une intervention chirurgicale sans gravité, Hugh Jackman n'a pas pu s’empêcher de chanter lors des répétitions contre l’avis de son médecin. L’acteur raconte : "Assister aux répétitions sans pouvoir y prendre part était pour moi une véritable torture. J’aime tellement la musique et l’histoire du film que je me suis laissé embarquer. Je me suis dit que j’allais interpréter le début de la dernière chanson… mais avant de m’en rendre compte, c’était déjà la fin ! Une fois lancé, je ne pouvais plus m’arrêter. Je me suis laissé prendre par le moment… jusqu’à ce que mes points de suture lâchent. Comme vous pouvez l’imaginer, mon médecin n’était pas ravi, mais que voulez-vous, la musique du film est irrésistible !"
L'écriture de la chanson The Greatest Show, qui ouvre et clôt le film, a été particulièrement complexe. Le duo Justin Paul et Benj Pasek ont écrit pas moins de six versions qui n'ont pas convaincu Michael Gracey. Ce dernier, lors d'une session de travail, s'est mis à jouer un air et une phrase qu'il avait en tête, à partir desquels la chanson a finalement vu le jour.
Née en 1820, Johanna Maria Lind était adorée en Europe pour son timbre de soprano. Mais c'est grâce à P.T. Barnum qu'elle va accéder au statut de star. En effet, l'entrepreneur, sous le charme, l'a fait venir aux Etats-Unis et lui fait signer un contrat de 18 mois. Grâce à son sens de la publicité, Barnum développe la réputation de la chanteuse, au point que quarante mille personnes l’attendaient à son arrivée sur le sol américain où elle a donné 93 concerts, rassemblant des foules incroyables. Plusieurs villes portent encore le nom de Jenny Lind, tout comme un célèbre modèle de lit à barreaux pour enfant confectionné dans un bois qu’elle appréciait particulièrement.
Rebecca Ferguson, suédoise à l'instar du personnage qu'elle incarne, n'a malheureusement jamais pu entendre la voix de Lind dont le succès a précédé l'invention de l'enregistrement sonore. Bien que l'actrice ait étudié la musique et sache chanter, elle est tout de même doublée par Loren Allred, une ancienne candidate de l'émission The Voice.
Zac Efron et Zendaya sont rompus à l'exercice des comédies musicales puisque le premier a été révélé par High School Musical tandis que la seconde a été l'une des stars de la série Disney Channel, Shake It Up, dans laquelle elle chantait et dansait. Pourtant, le duo avoue qu'ils n'ont jamais été confrontés à des numéros aussi difficiles, notamment en raison des figures acrobatiques qu'ils devaient effectuer. Zendaya a appris le trapèze au prix de nombreuses ampoules et bleus mais le jeu en valait la chandelle puisqu'elle a effectué elle-même ses cascades, et sans harnais qui plus est.
Le studio Moving Picture Company (MPC) à Culver City a été chargé de mettre au point des effets visuels pour créer ...les animaux du cirque ! En effet, le réalisateur se refusait à faire appel à de vrais animaux qui auraient été exploités ou maltraités pour apprendre des tours.
Pour tourner à l’intérieur de l’American Museum de Barnum, le directeur de la photographie Seamus McGarvey a utilisé des grues : "Nous avions une technocrane (une grue télescopique) de 15 mètres qui pouvait se déplier et se rétracter très rapidement, permettant des plans très dynamiques. La caméra pouvait ainsi envelopper tous les danseurs pour livrer des images très fortes au plan émotionnel. Elle nous donnait de la hauteur quand on en avait besoin, et permettait des plongées impressionnantes."
Pour l'envolée aérienne sur le morceau Rewrite The Stars, la caméra a été placée au centre du cercle où virevoltent Zac Efron et Zendaya et tourne avec eux, créant le flou à l'arrière-plan.
Par ailleurs, l'équipe a travaillé avec de multiples caméras numériques 65 mm dotées des plus grands capteurs dernière génération. McGarvey détaille : "Ces capteurs sont issus des derniers développements et les images qu’ils permettent sont extraordinaires, non seulement en format large - d’une ampleur phénoménale, avec une exceptionnelle richesse dans les détails et de la nuance dans les basses luminosités - mais aussi pour les gros plans, que nous avons pu tourner d’une manière qui rappelle les portraits réalisés avec des appareils photo moyen format (6x6 par exemple). (...) L’image numérique peut présenter une netteté clinquante, mais ce n’est pas ce que nous recherchions. Nous voulions des points de lumière qui s’épanouissent comme des fleurs et créent une atmosphère romantique, un peu comme le vernis sur un tableau."
Les décors de The Greatest Showman sont signés Nathan Crowley, nommé aux Oscars pour son travail sur Le Prestige, The Dark Knight et Interstellar de Christopher Nolan. C'est la première fois qu'il travaillait sur un film musical. Il définit son travail comme "un hybride Steampunk-moderne- fantasy-pop-show". Il détaille : "J’ai cherché à mettre l’accent sur le futurisme de l’époque, avec en architecture les grandes verrières de New York, Londres et Paris, et toutes les nouvelles possibilités sociétales offertes par les avancées technologiques et l’arrivée de l’électricité. Même si historiquement, le musée Barnum a ouvert avant la guerre de Sécession, dans notre film nous l’avons un peu décalé vers l’ère industrielle, de manière à disposer de la vapeur, du gaz et de l’électricité, afin de mieux traduire l’esprit d’une époque de grands bouleversements qui n’est pas si différente de la nôtre."
Pour la séquence A Million Dreams, le chef décorateur a eu recours à... des imprimantes 3D ! Il explique : "Au coeur de cette chanson se trouve une vaste demeure abandonnée qui devient un monde en soi, fantastique, onirique, né de l’imagination d’un enfant. Comme nous voulions réaliser concrètement la maison en ruines, nous avons dû trouver le moyen de projeter des ombres surréalistes sur le décor. Nous avons donc utilisé des imprimantes 3D pour fabriquer des objets capables de projeter une image animée créée à la main quand on les éclaire de l’intérieur. Le travail sur cette séquence relevait de la sculpture, ce qui était tout à fait passionnant."
De même, pour les besoins d'une scène où la caméra survole le New York des années 1800, une miniature extrêmement détaillée a été réalisée grâce à 8 imprimantes qui fonctionnaient 24h/24 pour créer environ 500 buildings qui ont ensuite été peints à la main.
Le chef décorateur a dû recréer le musée Barnum, véritable caverne d'Ali Baba remplie de curiosités et composée d'une exposition "d'histoire naturelle" au rez-de-chaussée et d'un théâtre au dernier étage. L'équipe a construit un énorme décor à Brooklyn sur le site de Capsys, une ancienne fabrique de briques aujourd’hui propriété des Steiner Studios. Nathan Crowley détaille : "Il a permis de construire un espace à double hauteur. Je ne voulais pas avoir à diminuer la taille du décor, nous avons donc utilisé la brique rouge du bâtiment et ajouté une structure d’acier d’inspiration victorienne avec une galerie qui permettait de fixer des trapèzes, des structures pour les câbles et des supports caméra sans avoir à remplacer la totalité du plafond. Sur un plateau de tournage classique, on n’aurait pas pu filmer le plafond comme nous l’avons fait ici."
Le décor du musée se découpe en trois phases dynamiques : la phase un est celle du musée statique avec les expositions immobiles, les phases deux et trois ajoutent du spectacle vivant, des numéros de cirque et des artistes qui émergent sur un proscenium majestueux.
Lors du numéro Rewrite The Stars, on peut voir sur le sol une lune qui n'a pas été peinte mais réalisée à partir de sable coloré de différentes couleurs.
L'équipe a tourné dans une dizaine de sites historiques de New York dont la propriété Woolworth à Glen Cove, Long Island ; Cedar Oak Beach à Babylon, Long Island ; le hangar à bateaux de Prospect Park ; la Brooklyn Academy of Music ; Tweed Courthouse ; Old Westbury Gardens à Long Island ; Marshall Field Estate à Lloyd Harbor, NY et la maison James Duke sur la 78e Rue Est.
La chef costumière Ellen Mirojnick s'est affranchie des conventions historiques pour créer les tenues de The Greatest Showman : "Nous avons opté pour une approche plus fantastique, dans l’esprit d’un défilé de mode. Notre but était de plonger les spectateurs dans une ambiance fantasmagorique, placée sous le signe de la romance et de la joie, plutôt que de coller à une réalité historique. Nous avons fait plus que créer un mélange d’époques historiques et de styles, nous avons tenté de créer notre propre monde, une catégorie complètement inédite."
La chef costumière n’a disposé que d’une courte période de préparation, mais elle s’est appuyée sur une armée d’artisans. Presque tous les vêtements ont été fabriqués à la main pour le film, seules quelques rares pièces ont été achetées et transformées. Les tissus ont tous été choisis chez des couturiers britanniques contemporains.
En ce qui concerne la tenue de Monsieur Loyal de Barnum, elle a été faite d’étoffes de soie et de laine et dessinée, taillée et cousue sur mesure pour Hugh Jackman par le maître tailleur D. Barak Stribling.
Hugh Jackman a appris à jongler avec le chapeau de Barnum comme un pro. La chorégraphe Ashley Wallen explique : "Dans « Come Alive », Hugh fait virevolter le chapeau, il l’attrape d’une main et le fait atterrir sur sa tête. C’est la première personne avec qui je travaille qui y arrive ! Il s’est entraîné sans relâche jusqu’à réussir. Au moment où le tournage a démarré, il arrivait à le faire huit fois de suite ! "
En 1881, P.T. Barnum s'associe avec un ancien rival, James Anthony Bailey, directeur du Great London Circus and Ganger’s Royal British Menagerie. A la mort des deux hommes, le cirque passe entre les mains des frères Ringling sous le nom Ringling Bros. and Barnum & Bailey Circus. Mais le public se fait de plus en plus rare et l'entreprise est soumise aux pressions des défenseurs des droits des animaux. Ce qui était le plus grand cirque du monde ferme définitivemement ses portes le 21 mai 2017.