Autant devancer les questions perfides du lectorat : soit je m’inflige ça pour mes gosses, soit je ne me connais pas suffisamment pour prendre la juste mesure de ma perversion...mais le fait est que je regarde (presque) toutes les comédies musicales, alors qu’il s’agit d’un genre cinématographique pour lequel je n’ai jamais assez de mots méprisants. Au moins celle-ci se base-t-elle sur un sujet surprenant, à savoir la vie de Phineas Taylor Barnum, cet entrepreneur/bonimenteur de génie qui créa “le plus grand spectacle du monde� dans la seconde moitié du 19ème siècle, avec des animaux sauvages, des artistes de cirque, des cantatrices suédoises et des freaks en tous genre (géant, obèse, femme à barbe et le célèbre lilliputien Tom Pouce). Enfin, biographie, biographie...j’y ai découvert plein d’éléments qui ne figuraient pas dans sa fiche Wikipedia, ce qui me laisse penser qu’il s’agirait plutôt du miroir fantasmé de cette biographie, celui dans lequel un petit garçon pauvre devient riche et réalise tous ses rêves avant de prendre conscience que pour la bonne société new-yorkaise dont il a pourtant le statut économique, il reste un forain et un paria, un “monstre�, à l’image de ceux qui assurent le succès de son spectacle. Il y a donc un leçon de tolérance à la clé, aussi belle qu’anachronique compte tenu de l’époque et du fait que Barnum était probablement un exploiteur sans scrupules de la misère (ou plutôt de la déformation) d’autrui mais passons, ça cadrerait mal avec l’esprit d’une comédie musicale. En ce qui concerne la musique, puisque c’est tout de même un peu la raison d’être du projet, on reste dans les réflexes de la comédie musicale à l’américaine, dans une veine très moderne : s’il n’y a rien de honteux ni d’objectivement inécoutable, aucune des chansons ne m’a marqué ni ne m’est simplement restée en tête, même si au moins l’une d’entre elle, le duo ‘Rewrite the stars’ entre Zac Efron et Zendaya, a été un single à succès en 2018. Comme si le milieu circassien n’était pas assez baroque en soi, la mise en scène a été confiée à un Australien qui, à l’instar de ce qu’avait fait son compatriote Baz Luhrman pour ‘Moulin rouge’ accouche d’un feu d’artifice visuel qui rend ses lettres de noblesse au concept de ‘boursouflure’ avec, dans la position du Monsieur Loyal au sens propre comme au sens figuré, un Hugh Jackman qui démontre à nouveau qu’il a moins le coeur d’un Wolverine que celui d’un Fou chantant. Au fond, ce n’est pas pour rien que l’adjectif Barnumesque a été inventé..!