Avis sur Le Sang de la terre

Dans le style ‘’Autant en emporte le vent’’ ce film d’aventures et d’amour ne manque pas de qualités. Une belle mise en scène classique, le style cinéma américain habituel de l’époque, des acteurs talentueux avec deux belles femmes, un héros crédible et Boris Karloff qui apporte sa forte présence en composant Tishoningo. Les vingt dernières minutes sont remarquables de clarté et de force. Les cascadeurs combattant dans les marais ont bien du mérite à se rendre si crédible, cela n’est plus possible en 2014. L’intrigue est suffisamment dense pour ne pas s’ennuyer, même si on devine les grandes lignes qui suivent et que de nombreuses séquences pas assez travaillées nous agacent, c’est du cinéma pour bon public. Comme d’habitude Susan Hayward met toute sa fougue dans son personnage, le film lui doit beaucoup, elle n’a rien à envier à Vivien Leigh. Je ne sais si cette histoire de vallée du Liban est réelle, en tous cas elle est édifiante et la triste logique l’emporte, il y a des conflits qu’il ne vaut mieux pas commencer lorsque le contexte politique est si mauvais.

Dès le générique de début, ce film nous montre qu'il veut empiéter sur les plates-bandes de «Autant en emporte le vent». Je ne vois donc pas de raison pour ne pas comparer les deux films. Mais la comparaison avec son illustre ainé ne peut être qu'au détriment de l'autre. Il lui manque en effet les moyens de l'autre, malgré le fait que ce film soit tourné dans de très beaux paysages, George Marshall n'arrive pas à la cheville des quatre réalisateurs que David O'Selznick a usé pour son chef d'oeuvre, et puis il manque à ce film l'opiniâtreté et la mégalomanie de ce dernier. Mais le duo Susan Hayward et Van Heflin est très réussi même si la première n'a pas le tempérament de feu de Vivien Leigh et le second le charisme de Clark Gable. Et puis, le personnage d'indien incarné par Boris Karloff est suffisamment curieux pourqu'il achève de rendre le film intéressant en dépit de ses défauts dont le principal est de pas vouloir être lui-même.

Depuis 'Autant en emporte le vent' et 'L'insoumise' de Wyler , sont sortis un bon nombre de longs métrages mettant en scène le vieux sud et (ou) la guerre de sécession . Me viennent à l'esprit 'Les prairies de l'honneur' ou 'La loi du seigneur', entre autres ...
Le problème du 'sang de la terre' , c'est que tout cela est un peu mou du genou. Van Heflin et Susan Hayward incarnent des personnages au caractère bien trempé (une habitude, chez Hayward, qu'elle perpétuera , comme dans le très bon 'Jardin du diable', par exemple), Ward Bond se démène avec une belle énergie, Boris Karloff nous surprend en apparaissant sous les traits d'un indien, mais l'intensité est absence des trois quarts de l'ensemble, y compris dans les relations entre les personnages, avec plusieurs scènes longuettes et pour tout dire un peu gnangnan. Pas un gramme d'humour non plus ou si peu, ce qui n'aide pas.
Le film ne trouve sa pleine mesure spoiler: qu'au moment de la bataille finale dans les marais, y compris dans les conséquences qu'elle engendre
, laquelle, pour le coup, est très bien mise en scène par G Marshall.
Dispensable.