Une oeuvre admirable, des actrices maginfiques.... rien à reprocher à ce film, sinon peut-être d'être anti-machos mais est-ce un reproche, surtout dans un pays comme l'Egypte? Une chose est certaine: ce film marque une date dans l'histoire du cinéma arabe, car on ose même y parler d'avortement... Un film à découvrir de toute urgence!
Femmes du Caire est un film lourdement didactique sur les malheurs des femmes égyptiennes, toutes catégories sociales confondues. Il y est essentiellement question de cette denrée précieuse qui s'appelle la virginité, et donc des ruses de ces êtres démoniaques que sont les hommes pour ravir la dite virginité. Dès la première scène, un rêve filmé de la façon la plus lourdingue possible, j'ai craint le pire et le pire s'est avéré vrai. C'est long, c'est très long, ça n'a aucun intérêt pour peu qu'on ait un iota de culture politique, c'est indigeste, avec une mise en scène d'un ringardisme consommé. En gros, Femmes du Caire c'est un point de vue aussi simpliste qu'un film de Bollywoood basique sans en avoir le moindre charme. Sans parler de l'actrice refaite de partout en gros plans très fréquents semblant faire de la pub pour ou contre la chirurgie esthétique.
Hebba qui animait un talk-show politique plutôt caustique envers le pouvoir en place accepte sous la pression de son tout récent mari ambitieux (il vise la rédaction générale d'un journal d'obédience gouvernementale) de le consacrer désormais à des témoignages féminins. Mais tout est politique, et les femmes invitées racontent des histoires bouleversantes, mais aussi très dérangeantes pour la société égyptienne, ultra machiste et rétrograde. En moderne Shéhérazade, elle anime en plateau les confidences très diverses de ces femmes meurtries, victimes qu'elle que soit leur origine sociale et conclura même (provisoirement ?) par son propre témoignage, ayant éprouvé à son tour dans sa chair l'horreur de la toute puissance dont se croient dotés à jamais les mâles locaux, même apparemment évolués. L'esthétique très roman-photos est un brin gênant, sauf à l'imaginer (ce qui est probablement le cas) assumée, et les saynètes inégales, en durée et en intérêt (coup de coeur personnel pour celui d'Amany, la vierge intransigeante), sont souvent sur-jouées (pour des spectateurs occidentaux). Pour autant, telles que, ces "Femmes du Caire" sont attachantes, et ont un écho (heureusement affaibli dans les pays du "Nord") de douloureuse vérité universelle. Un point de vue salutaire et courageux sur la condition féminine en Egypte, d'autant plus que l'auteur du film (avec la collaboration du scénariste de "L'immeuble Yacoubian") est un homme, Yousry Nasrallah....
Shéhérazade, raconte-moi une histoire, telle est approximativement la traduction du titre original de Femmes du Caire. L'appellation française n'est qu'en partie justifiée car elle laisse faussement à penser que le film prend la pouls de la capitale égyptienne, avec son grouillement et son chaos traditionnels. Le propos du réalisateur, Youry Nasrallah, est tout autre, il a choisi de tourner davantage en studios que dans la rue et a soigné une mise en scène chaude et très esthétique qui, bizarrement, fait penser dans un premier temps à une version arabe de Plus belle la vie (sic) avant d'évoquer plus tard un mélodrame dans le style d'Almodovar. Il faut un temps d'adaptation pour distinguer, derrière une forme clinquante, une critique sociale sans concession de la société égyptienne moderne. Fausse piste également que ces premières minutes dévolues à un couple chic du Caire -appartement superbe, vie trépidante, travail gratifiant dans les médias-, dans lequel semble régner une belle entente. Tout en respectant les codes du mélodrame bourgeois dans sa mise en scène, Nasrallah va au fil des minutes développer plusieurs histoires (tirées de faits divers) qui en disent long sur la condition féminine et n'hésitent pas à aborder le sujet tabou de la sexualité. Les 2 heures 15 paraissent courtes tant les scènes marquantes abondent, avec en fil rouge le personnage principal joué divinement par Mona Zaki (visage de poupée qui dissimule un tempérament de femme indomptable). Ce film stylisé à l'extrême est en définitive une oeuvre engagée et politiquement incorrecte qui risque (s'il est diffusé sur place sans censure, ce qui est improbable) de faire scandale dans les milieux conservateurs (pour ne pas dire intégristes) du Caire.
Un film excellent de bout en bout, du générique superbe à un dernier plan qui arrache des larmes . La Scheherazade moderne est .... animatrice de talk show : normal finalement, est ce que ce ne sont pas elles qui aujourd'hui racontent les histoires aux millions de téléspectateurs ? Notre animatrice (magnifique) est en ménage avec un journaliste qui lorgne sur un poste de rédacteur en chef d'un journal d'état. On lui fait comprendre que sa compagne ne devrait pas trop parler de politique dans son talk show. Cette dernière, pleine de bonne volonté, va essayer de s'exécuter, mais les choses ne sont pas aussi simples : où s'arrête la politique, ou commence la question de la condition féminine ? A travers trois histoires magnifiques, pleines de surprises, de violences, de rebondissements, notre Sheherazade va nous ensorceler, nous emmenant des bas-fonds du Caire à la jet-set et aux ministres, dans un tourbillon de sensualité et d'inventivité romanesque qui rappelle beaucoup les romans du grand Naguib Mahfouz. Le réalisateur, ex-assistant de Youssef Chahine, perpétue la grande tradition d'un cinéma égyptien inventif, palpitant, humaniste. Un bon et beau moment de cinéma, à ne pas rater. D'autres critiques sur Christoblog : http://chris666.blogs.allocine.fr/