Les films iraniens dénonçant la condition des femmes dans ce pays sont très à la mode en Occident, même si, comme celui-ci, ce sont de "faux films iraniens" tournés par des exilés dans d'autres pays. On aimerait voir autant de films dénonçant la condition des femmes dans certaines régions des Etats unis où pullulent les sectes religieuses machistes... Tout en surfant sur une mode qui instrumentalise la condition des femmes au service de la guerre idéologique que les Etats unis mènent contre le grand Satan iranien, celui-ci est sans doute bien intentionné. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas : le film est décousu, confus, parfois incompréhensible, il aborde trop de sujets qu'il ne traite que très superficiellement. Enfin ses prétentions poétiques esthétisantes sont vraiment pénibles pour le spectateur allergique aux longs plans fixes de la végétation. Bref, si vous vous intéressez à l'Iran réel, et non à celui fantasmé par des émigrés ou des enfants d'émigrés vivant aux Etats unis, mieux vaut voir les films de Farhadi, notamment La séparation, ou encore Téhéran (un véritable Ken Loach iranien) et La chasse...
"Women without men" est un faux film iranien : l'artiste vidéaste et photographe Shirin Nashat est certes iranienne, mais elle a quitté l'Iran pour les Etats-Unis depuis longtemps. Il en est de même pour Shoja Azari, autre artiste vidéaste qui a collaboré à la réalisation du film. De même, les comédien(ne)s sont des exilé(e)s, l'une d'elle étant même hongroise. Quant au film, il est financièrement allemand, autrichien, français, italien, ukrainien et marocain et il a été tourné au Maroc. Reste le scénario, tiré d'un roman de Shahrnoush Parsipour, un scénario qui raconte l'histoire de 4 femmes dans l'Iran de 1953, au moment d'un coup d'état fomenté par les anglais et les américains pour mettre un terme à la politique du Premier ministre d'Iran, Mohammad Mossadegh, démocratiquement élu en 1951. Ce faux film iranien est quand même un film typiquement iranien dans la mesure où le symbolisme règne en maitre, ce qui n'est pas toujours évident pour un esprit cartésien. Il n'en reste pas moins qu'un charme certain se dégage de cette œuvre entre conte, poème et film politique.
L'esthétique du film peut ne pas plaire à certain. Cependant, personnellement j'ai appréciée. Ellle est la réalisation d'une femme cinéaste qui montre un univers original et personnel pour parler d'un sujet historique, politique, mais sociétal aussi, qui reste hélas d'une totale actualité. Ce qui m'a touché ce sont les portraits de ces femmes dont la situation, en dépit de l'évolution de la société, ne change guère et qui sont encore traitées bien souvent comme des objets de plaisir ou à assurer la descendance, sans grand respect quant à leur personnalité et leur humanité. Depuis la nuit des temps, nous retrouvons la situation désespérante de ces victimes qui, indéniablement, ne peuvent qu'émouvoir, toucher et révolter. Amnesty International, comme des médias du cinémas réputés, a apporté son soutien à ce film, et c'est bien. En effet le sujet doit être évoqué régulièrement, chaque jour, sans se lasser. Passant outre leur libido, les hommes devraient parfois tenter de se mettre un peu à la place de leur victimes, imaginant ce qui peut être ressenti quand on se trouve ravalé à un statut aussi dégradant que révoltant, ou comme un objet de marchandage. Encore bien du travail malheureusement pour les associations et personnes individuelles qui se battent pour que tout cela change...
C'est sans doute parce que je savais que Shirin Neshat est une artiste, mais j'ai pris ce film comme un montage de 2 ou 3 installations arty ésotériques. Du coup, ce n'est pas avec les critères habituels qu'on peut parler de cet "objet". Pour paraphraser Mirtahmasb et Panahi, "In Film nist" !
Connue dans le monde entier pour son travail de photographe et de vidéaste, l'iranienne Shirin Neshat, qui a quitté son pays en 1979, se lance pour la première fois dans le long-métrage de fiction avec Women without Men, Lion d'argent au dernier Festival de Venise. Situé au moment du coup d'état militaire de 1953, le film aborde le thème de la condition féminine dans la société iranienne, sujet plus que jamais d'actualité aujourd'hui. Ce n'est pas pour autant une oeuvre politique, la recherche plastique de la réalisatrice édulcorant cet aspect dans une vision onirique et poétique, symbolisée par un verger qui ressemble à un Eden fantasmé. Sur le plan formel, Women without Men est d'une beauté à couper le souffle, accompagné par la partition musicale éthérée de Ruychi Sakamoto. Les portraits des quatre femmes censées symboliser les différentes générations et classes sociales iraniennes restent malheureusement à l'état d'ébauche et leurs rapports de solidarité face à l'autorité patriarcale n'ont qu'une dimension théorique qui se nourrit d'artifices visuels. Le film est avant tout un voyage pour esthètes, sa volonté d'être une oeuvre engagée est largement moins convaincante.
Premier film de cette artiste iranienne, et une belle surprise! Au delà du récit du coup d'état de 1953, l'histoire de quatre femmes, un univers onirique, un récit à la fois dur et poétique; c'est beau et joliment interprété. A découvrir!
Vu hier au cinéma un peu par hasard. J'ai été conquis par la beauté des images, très travaillé... mais c'est une photographe et ca se ressent à l'écran. Ca donne envie de voir ses photos !
Ce film est proche de la perfection, c'est à voir absolument !!!! C'est engagé, passionnant, féministe, poétique, visionnaire, politique, ésthetique (eh oui, pourquoi pas ? on a aussi le droit de raconter des histoires avec des belles images, pas comme en France où on fait des scénarios filmés en style télé !!!!!) et touchant. A ne pas rater si on aime le bon et vrai cinéma fait de HISTOIRE(S), IMAGES et SONS !!!!!!!