Pamphlet et regard complaisant? satire ou critique un peu voilée? Les deux mon général. Ganbini jongle entre les deux avec audace, et arrive à entrer, là où il n’entrerait pas sans ce laissé passer méthodologique. Entrer dans les villas des magnats de la TV italienne ou stars en tocs côtoient agents millionnaires, la télé selon Berlusconi, l’Italie selon Berlusconi. Le fondu enchaîné qui calque son sourire en caoutchouc à la Barbie & Ken sur ceux des candidats au bonheur télévisuel est fascinant d’irréalité, comme un contrôle sur les esprits qui se fait à distance. Ce rappel du fascisme en germe est suggéré par un plan en apparence anodin sur un téléphone portable, et là ça fout un peu les jetons, tellement ils ont l'air de trouver tous ça normal, voire inoffensif, pourtant vu depuis les coulisses ça ressemble autant à une poubelle que derrière son écran de télé. Ce mécano fan de Van Damme et Ricky Martin veut devenir célèbre donc passer à la télé, Fabrizio Corona, paparazzo véreux, lui aussi, il deviendra célèbre, ils ont le même objectif, mais le mécano lui ne sait pas à quoi il s’attaque (autant jouer au loto, on ne sait jamais), alors que Fabrizio connaît tous les codes. C’est construit avec des images d’archives, des extraits d’émissions, des confessions qui donnent au film des allures d’émission d’investigation. Le piège se referme, le film à les qualités de ce qu’il critique, dans ce genre d’exercice, tous ceux qui témoignent sont intéressants voire sincères à l’image, mais on ne sait jamais le fond de leur pensée, ce qu’ils pensent réellement. Ganbini à l’intelligence de ne pas juger, et avance avec une prudence politique, mais c’est tellement chaud à l’écran, que ça vaut la peine de regarder. Une image affligeante du paysage audiovisuel italien, gangréné par la bêtise intégrale, et l’audimat vertical. Pour quelqu’un comme moi qui n'a plus de télé, il n’y a rien qu’il ne sache déjà, mais c’est une bonne piqure de rappel.