Chris Renaud, réalisateur de l'excellent Moi,moche et méchant en 2010 nous revient avec un nouveau film d'animation, Le Lorax. Adaptation d'un livre pour enfant écrit par un des auteurs les plus vendus au monde, Theodor «Dr Seuss» Geisel, Le Lorax est une fable mignonne sur fond de lutte pour l'écologie.
Le jeune Ted habite à Thneedville, un monde totalement artificiel dépourvu de végétation. Pour conquérir le cœur de sa dulcinée, Audrey, Ted va se mettre en tête de lui trouver un vrai arbre bien vivant. Sur sa route semée d'embûches, Ted va rencontrer le Gash-pilleur qui va lui faire découvrir la légende du Lorax.
C'est donc touché par la flèche de Cupidon que Ted va se mettre à rechercher avec ardeur cet arbre vivant. Ce postulat n'est pas sans rappeler le sublime Wall-E, chef d'œuvre des studios Pixar où on voyait un robot dans un monde post-apocalyptique protéger la seule plante restante pour l'amour d'une gentille androïde prénommée Ève. En ce sens, Le Lorax est une jolie histoire contre la pollution et la cupidité qui ne laisse pas indifférent. Chris Renaud adapte et étoffe avec réussite le livre du Dr Seuss et développe un univers décalé, visuellement chatoyant, qui fourmille de détails et explose les mirettes avec un déploiement mirifique de couleurs. La mise en scène vertigineuse n'est pas sans rappeler le récent Tintin de Steven Spielberg et Peter Jackson, l'arrogance et la pseudo-virtuosité en moins. Chris Renaud sachant s'arrêter et poser le récit, prendre le temps de raconter son histoire sans la sacrifier sur l'autel de la poudre aux yeux symbolisée par des mouvements de caméra certes impressionnants mais dénués de sens. Toutefois, le graphisme trop lisse du film peut paraître fade mais c'est sans compter sur une 3D maitrisée qui magnifie l'image et fait ressortir l'univers coloré du Lorax de manière impeccable.
Les personnages du film sont très attachants, surtout Ted et sa jolie voisine, Audrey sans oublier mamie Norma, débordante d'énergie. L'humour est très présent, de façon subtil, sans forcer le trait, sans chercher à tout prix à nous tirer des rires. L'important est réellement de raconter une histoire et l'accent est mis sur la cohérence de celle-ci. Les plus grands s'amuseront à repérer les nombreuses références ; notamment ce moment ou Ted s'échappe de Thneedville et passe d'un univers coloré et étincelant à un décor lugubre et sinistre. Ce passage n'est pas sans rappeler les univers torturés de Tim Burton et Terry Gilliam, notamment le film Brazil et ses décors métalliques remplis de tuyaux. Le méchant de service, Aloysius O'Hare possède également un design insolite, sorte de mélange entre Dora l'exploratrice et notre Mireille Mathieu nationale. Sa cupidité n'a d'égale que sa lâcheté et sa fourberie, un vilain comme on les aime.
La star du film, Le Lorax, incarnée par la voix de Danny de Vito possède une personnalité fantasque et attendrissante. Grognon à souhait, son attachement à la nature est aussi élevé que la densité de sa gigantesque moustache. Il convient également de saluer la qualité des différentes chansons qui ponctuent le film et qui arriveraient à mettre la pêche à n'importe quel réfractaire au genre. Cinco Paul et Ken Daurio, scénaristes et auteurs des chansons, associés au compositeur John Powell ont réussi à mélanger récit et chansons et les imbriquer naturellement, sans artifices et le résultat à l'écran se révèle plutôt rutilant. Le Lorax s'avère donc un film d'animation scintillant qui met de bonne humeur et apporte un message écologique important sans dériver vers la leçon de morale.