Dangereusement con et abscons, "Tenue de soirée" (France, 1986) de Bertrand Blier est l'expression usurpé du réalisateur qui pioche dans la volonté narrative de Godard puis dans les dialogues et la direction d'acteurs du théâtre intellectuel à la résonance creuse, ici en tout cas, avec son message. Si ce film est ce qu'on peut appeler dangereux, ce n'est pas par sa franche tendance à l'homosexualité, cela ne dérange nullement mais c'est car le film ramène ce choix humain à une bestialité sexuelle et que l'amour homosexuel devient alors prétexte au rabaissement de la femme, de l'individu, à la liberté violente. Blier nous raconte là une histoire perverti tant qu'elle peut l'être, le cinéaste semblant s'acharner à malmener ses personnages, comme un garçon malmène une poupée. Enfin les dialogue fulgurants et pathétiques, donnent tantôt des scènes drôle et cocasse, tantôt des invraisemblances sans nul but que d'être -in-, loin d'un propos véritablement fructueux. Enfin la difficulté majeur des acteurs (hormis peut-être pour Michel Blanc) demeure la diction. Les mots semblent sur-machés, on ne dit pas, on ne proclame pas, on ne récite pas comme Rohmer en prend le partie pris, non ici on chante son texte. Jalonnées d'une musicalité, les répliques sonnent alors comme des contines d'enfants. Car oui, Bob (Gérard Depardieu), Antoine (Michel Blanc) et Monique (Miou-Miou) jouent des enfants introduient pronto dans les moeurs des adultes. Or tout ceci donne une histoire scabreuse, bête et méchante qui ne mène nulle part sinon au simple voyeurisme du n'importe-quoi de leur vie. Bref, "Tenue de soirée" est bien le symbole d'un cinéma français, je dis bien d'UN cinéma français, qui cherche maladroitement, inspiration mal extirpée du théâtre, là où il n'y a pas grand chose à trouver, vers la folie comme réalité qui sied fort mal dans ce mélange de connerie et de sérieux. Effectivement : "Putain de film !"