Il y a des films où ce qu'on va réellement penser d'eux dépendra que ce qui suivra après leur sortie...pour "Kong : Skull Island", on est vraiment dans ce cas...mais j'y reviendrais plus tard. Pour le moment, place aux premières impressions en sortant de la salle : dès le départ, le métrage ne traîne pas en nous présentant rapidement ses personnages avant de les envoyer dans une contrée inexplorée dans une atmosphère assez proche d' "Apocalypse Now". C'est d'ailleurs l'une des belles réussites du film : cette ambiance films de guerre du Vietnam fin 70 /début 80 permet au réalisateur d'exprimer sa créativité en nous livrant une photographie magnifique avec un grain ancien, des couleurs chatoyantes aux teintes rouges/orangées, des hélicoptères sur fond de coucher de soleil rougeoyant qui atterrissent sur une prairie verdoyante entourés de fumigènes ultra colorés, le tout sur une bande son rock’n’roll (incontournable voyons !)...on se surprend même à commencer à siffloter « La Chevauchée des Walkyries » tant on est pris par les images pulps qui virevoltent devant nos mirettes. Vraiment un très bon point. Une fois passé cette introduction très fun, on redescend assez vite, rattrapé par le côté commun du métrage : "Kong : Skull Island" est un film de survie basique : on suit une équipe paumée dans un endroit très hostile, des menaces constantes de plus en plus dangereuses et des personnages qui meurent tous les uns après les autres dans d’atroces souffrances mais dans l'esprit le plus décomplexé possible. D'ailleurs, est-ce justement pour cette raison que le film possède beaucoup (trop ?) de personnages et qu'ils sont à peine développés (le terme exact est « survolés ») ? Non car il faut être franc, les persos sont vraiment un gros point noir : entre le soldat antipathique aux motivations limitées (Samuel L Jackson, pourtant si classe dès qu'il est à l'écran), le héros insipide sans personnalité (Tom Hiddleston quasi inexistant si ce n'est pour simplement réciter son texte !), des militaires ayant survécu au Viêt Nam grâce à leur discrétion qui tirent sur absolument tout ce qui bouge, utilisent des fusées de détresse hyper voyantes et hurlent à tout va pour se faire entendre (comment voulez-vous qu'ils ne se fassent bouffer ?!!), des scientifiques qui préfèrent annihiler toute espèce inconnue avant même de l’étudier (c'est bien leur job, non ?!), une journaliste un brin bimbo pour rajouter une touche de féminité neutre (qui ne fait partie ni de l'armée, ni des scientifiques : elle est donc à la fois pas « forte » et pas assez « intelligente »...et le pire c'est qu'ils ont choisi Brie Larson pour l'incarner : une actrice moyenne quelconque avec un joli minois et des gros nichons : vive les clichés sexistes !!!) L'exception qui confirme la règle : John C. Reilly qui a droit à un rôle un peu plus consistant doté d'un passé plutôt intéressant ainsi que d’une certaine puissance comique assez bienvenue. Non, finalement la seule et unique star du film, c’est Kong. En effet, même s’il est au centre de l’intrigue, notre ami poilu n’apparaît que lors de certaines scènes clés mais alors, quelles apparitions : l’équipe d’ILM s’est surpassée pour nous livrer à l’écran un monstre bluffant de réalisme et le réalisateur joue énormément sur les contre-plongées pour le rendre encore plus gigantesque à l’écran. De plus, les scènes de combat entre Sir Kong et ses adversaires sont rythmées et assez bien chorégraphiées (même si, personnellement, je les trouve moins épiques que celles contre les Vastatosaurus Rex du "Kong Kong" de Peter Jackson). Malheureusement pour nous, ces derniers, les fameux Skullcrawlers, sont peu charismatiques et font pâle figure face à leur antagoniste poilu (sans compter certains de leurs mouvements qui souffrent de fluidité)…la séquence avec l’araignée est bien plus sympathique en comparaison (quel dommage qu’elle soit si courte !). Malgré ce défaut, le film assume totalement son statut de blockbuster décérébré et décomplexé qui offre ce qu’il a toujours vendu : une grosse bébête qui casse tout à l’écran ! Venons-en au moment le plus intéressant du film et là, je vais passer en zone « spoiler » pour ceux qui n’aurait pas encore vu le film : l
a fameuse séquence post-générique. On y voit nos deux héros survivants faire face à un interlocuteur invisible dans une salle d’interrogatoire. L’ambiance est tendue, d’autant plus qu’ils ne sont pas en harmonie sur leurs propos : Tom Hiddleston affirme qu’ils ne révèleront rien de toute cette affaire et Brie Larson rétorque qu’elle se fera un plaisir de tout dévoiler, surtout aux soviétiques. Aucune réponse ne leur parvient mais la porte s’ouvre sur les deux autres survivants de l’expédition (le black et l’asiat scientifiques) : ces derniers leur annoncent que « notre planète ne nous appartient plus » et que « l’étape Kong » n’était qu’un préquel à d’autres confrontations toutes aussi terribles. Juste avant cette séquence post-générique, j’avais remarqué dans le générique de fin une phrase stipulant que « Godzilla, Mothra et King Ghidorah étaient des marques déposées par la Toei Compagny ». Or, je n’avais aucun souvenir d’avoir vu dans le film un quelconque extrait ou affiche des films mettant en scène ces célèbres kaijus (« monstres géants ») japonais. En voyant la séquence et surtout les diapositives que montrent les scientifiques à nos deux héros, on peut effectivement apercevoir des dessins anciens sur des parois de grottes où l’on devine les silhouettes de nos 3 kaijus. Il y a quelques années, Legendary Pictures avait formulé le souhait de vouloir créer un univers étendu à la Marvel concernant les grosses bestioles les plus connus de la planète (une sorte de « Monsterverse »). Lorsque le "Godzilla" de Gareth Edwards est sorti, on avait cru qu’il s’agissait le début de ce fameux monsterverse, mais Legendary Pictures avait démenti. Il est donc aujourd’hui clair et net que "Kong : Skull Island" est le premier épisode de cet univers étendu et qu’il faut donc s’attendre à voir dans le futur des films mettant en scène Godzilla, Mothra et King Ghidorah : si ça c’est pas super EXITANT !! Alors oui, je n’ai pas peur de le dire, mais le meilleur moment du métrage c’est justement sa séquence post-générique et ce qu’elle suggère pour l’avenir : de quoi rendre impatient le plus endurci des cinéphile, surtout si les prochains films sont du même acabit que celui-ci.
Bien loin de la vision romanesque et poétique de Peter Jackson, cette nouvelle mouture de King Kong demeure un divertissement certes peu original mais tout à fait honnête. Ni un chef d’œuvre, ni un nanar, il nous propose une sorte de rencontre curieuse entre "Jurassic Park" et "Pacific Rim", le tout baignant dans l’ambiance d’ "Apocalypse Now". Mais, au final, le plus intéressant reste à venir et j’avoue être assez curieux de voir le résultat : soyons patients…