Quo Vadis, version 1912, est un péplum intéressant, un, si ce n’est le premier du genre, et malgré un résultat inégal, il y a de très bonnes choses, surtout pour un film aussi ancien.
Le film ne brille certes pas franchement pas les effets de mise en scène. Plan fixe, souvent à distance égale des personnages, il n’y a pas une énorme recherche sur les cadrages, sur les effets de perspective. La mise en scène est assez alimentaire pour ainsi dire. Néanmoins, le métrage est impressionnant de par ses décors, avec une reconstitution d’époque qui nous plonge sans aucun souci dans le Satyricon de Pétrone par exemple, avec ses orgies, ses festivités aussi malsaines que luxueuses. Ce n’est pas forcément une Rome très historique (quoique), mais c’est surtout une Rome opulente et débauchée comme on peut la rêver au cinéma. Très belle reconstitution, et quelques scènes très spectaculaires. La dernière partie tout spécialement, qui reste un morceau mémorable par le caractère iconique des scènes montrées (les lions, l’incendie de Rome…).
Quo Vadis c’est aussi une bonne histoire. La première partie pourra parfois lasser un brin car on a le sentiment d’assister à une succession d’orgies, de festins en tout genre. L’histoire avance, et les pions se déplacent bien, mais le contexte des scènes est un peu redondant, et l’action n’est pas vraiment là. Il faut attendre une seconde partie spectaculaire pour voir le film atteindre un rythme percutant, et révéler vraiment ce qu’il a sous le pied. Malgré tout, s’appuyant sur l’excellent roman du même titre, l’intrigue est solide, marquée certes par un christianisme prosélyte qui pourra en rebuter certains, mais encore une fois c’est là très subjectif et je ne juge pas les choix faits. Prenant, sombre et dramatique, Quo Vadis est un film qui n’hésite pas à se montrer méchant, et cela donne indéniablement du piment à ce film par rapport à pas mal de péplums plus tardifs, souvent sans grand relief sur le fond, et sans le budget nécessaire.
Le casting est lui aussi très bon dans l’ensemble. Il y a beaucoup de personnages, ce n’est pas forcément favorable en principe à l’écriture de chacun, mais ici pas de souci. Le réalisateur pose bien les caractères, et les interprètes sont suffisamment efficaces dans leur jeu pour bien se démarquer. Malgré une belle galerie d’interprètes, parmi lesquels je retiendrai spécialement Augusto Mastripietri et Amelia Cattaneo j’ai surtout été très impressionné par Bruto Castellani. Ce dernier a parait-il atteint une grande notoriété avec ce rôle, et je le comprends tout à fait. Il transcende chacune de ses scènes par son physique et son jeu plein de vigueur.
Quo Vadis version 1912 n’est pas un film parfait, mais c’est un bon péplum qui mérite tout à fait le visionnage. Luxueux et reposant sur une matière solide, il n’est pas parfait mais est loin d’être ridicule. En tout cas, bien moins que nombre de productions plus tardives. 3.5