Jean Becker, le Papy Mougeot du cinéma français, est de retour pour nous offrir « La Tête en friche » avec sa tambouille habituelle : bons sentiments à la pelle, optimisme béat et générosité en veux-tu en voilà. Le truc, c'est qu'il n'est pas Frank Capra et que la bêtise de l'entreprise est encore plus évidente que dans ses précédents films. C'est simple : je déteste le cinéma de Becker fils, et je me demande bien pourquoi j'ai imaginé que celui-ci dérogerait à la règle. Car en plus d'être incroyablement stupide, l'œuvre est d'une maladresse et d'une lourdeur laissant pantois. Germain n'est pas très intelligent et illettré ? Au cas où vous n'auriez pas compris dès la première scène, on va vous le démontrer cinq ou six fois, histoire que cela vous rentre bien dans la tête. Vous voulez des personnages avec de la consistance ? Aucun souci, Papy Jean a trouvé la parade en nous offrant non pas un, mais six ou sept flash-backs pour nous faire comprendre que dans sa jeunesse déjà, le petit Germain était gros et pas très développé, le tout peu aidé par une mère hystérique et quelques méchants messieurs de passage, interprétés mollement par des guest-stars venus cachetonner (François-Xavier Demaison, Régis Laspalès). Seulement, alors qu'on aurait pu avoir la pensée folle que Jean Becker n'oserait quand même pas en faire trop niveau gentillesse, patatras ! Voilà que l'on découvre que dès le départ, tout le monde était en réalité plein de considération pour notre adorable gros, et tant pis si cela n'est pas crédible une fraction de seconde. Mais le plus beau, c'est quand même cette histoire d'amour : Sophie Guillemin (vous savez, la jolie blonde de « Harry, un ami qui vous veut du bien » ?) est donc follement amoureuse ici de Gérard Depardieu, qui s'offre en plus le luxe de ne pas être toujours motivé la concernant ! Sorte de double inversé de « La Chatte sur un toit brûlant », en encore plus grotesque. Mais pas de souci, Jeannot, continue à nous prendre pour des cons, aucun problème ! Heureusement, elles ont beau ne pas être légères non plus, les scènes avec Gisèle Casadesus sont une petite bouffée d'air frais où le film trouve un peu de sens, oserais-je dire de « grâce », d'autant que celle-ci est vraiment émouvante dans ce rôle d'ancienne scientifique passionné de littérature. Plus qu'insuffisant toutefois, le reste n'étant donc qu'un énorme bras d'honneur à l'intelligence et à la société actuelle, un film d'un autre âge qu'une conclusion globalement pathétique vient parfaitement conclure : Dieu merci, au moins le grand Jacques Becker n'aura pas eu à subir toute cette médiocrité...