Comme la bande annonce pourrait le laisser supposer, c’est un film franchement démodé, Complètement à côté de l’air du temps. C’est quand même la spécialité de Jean Becker, la bonne vieille France rurale et pétrie de bon sens déjà vue dans « Effroyables jardins » ou « Les enfants du marais »… Et quand je parle de film démodé, je ne fais pas allusion ni aux décors (un gros village du Poitou bien de chez nous), ni aux costumes (parfois à la limite du bon goût), ni même aux personnages et à leurs rapports entre eux. Non, c’est un film démodé dans son propos parce que le bon benêt, bourru mais aussi capable de s’analyser et même de philosopher, qui s’attache à une vieille femme qui lui fait lire Albert Camus on a quand même du mal à y croire, même avec tout le talent de Gérard Depardieu. Quand à son histoire d’amour avec la jeune Sophie Guillemin, c’est encore plus improbable ! Comme on voit immédiatement où le film va nous emmener, vers un happy end très « politiquement correcte », on s’ennuie devant un film qui ne dure pourtant qu’1h22 ! Bien sur, les seconds rôles sont charmants, et bien interprétés par des acteurs de talents (Patrick Bouchitey, François-Xavier Demaison, Mauranne…) mais ils sont à peine effleurés ! Les dialogues se veulent drôles mais c’est du l’humour très vieillot là aussi, parfois certains effets comiques sont carrément navrants. Au final, la vraie réussite de ce film, c’est la composition absolument charmante de Gisèle Casadessus, 96 ans au compteur (et qui peut le croire quand on la voit à l’écran ?) et qui livre une composition parfaite qui pourrait, à elle seule, sauver ce film. Mais ce qui domine quand on quitte la salle, c’est l’impression désagréable d’avoir passé plus d’une heure devant une France nostalgique d’elle-même, de ses clochers et de ses idiots de village : ça sent la vieille France, ça sent la bonne morale bien comme il faut, ça sent un peu le rance, pour tout dire…