Le premier opus avait été une éprouvante déception qui n’avait pas saisi l’essence de la franchise "GI Joe" et s’était laissé bouffer par la surenchère high-tech imposé par ses producteurs. Après s’être fait laminé par la critique et les fans, on ne pensait pas qu’une suite pourrait être mise en chantier. C’était sans compter sur cette idée, au final payante, de "suite-reboot" qui fait quasiment table rase du passé, tant sur le plan formel que scénaristique, et gomme ainsi tous les défauts de son prédécesseur. Finies donc les combinaisons futuristes qui font faire des bonds invraisemblables aux héros, les armes à base de nanotechnologie verte (qui n’est que vaguement évoquée) ou les bases sous-marines aux couleurs fluos. Finis également les effets spéciaux cheap et les montages clipesques sans queue ni tête. Et surtout, exit le réalisateur Stephen Sommers (qui ne s’est toujours pas relevé de cet échec artistique) qui laisse la place au peu expérimenté Jon Chu (qui s’avère être un honnête yes-man). On a droit, dans ce nouvel épisode, à un film de soldats américains à l’ancienne avec des combats en corps à corps, des assauts dévastateurs mais crédibles (enfin relativement crédibles, et c’est déjà ça) et, en péché mignon, quelques gadgets sophistiqués assez funs qui ne prennent pas le pas sur l’intrigue. D’ailleurs, le scénario ne se contente pas de faire oublier l’épisode précédent (qu’il évacue en deux minutes lors du rappel des faits de l’efficace générique de début) et s’avère presque surprenant. Les scénaristes ont clairement monté le niveau d’un cran en tuant rapidement le héros de la saga Duke (Channing Tatum, catastrophique dans le 1er opus et très bon ici… au point qu’on regrette qu’il ne survive que 20 minutes), en transformant les GI Joe en renégats, en faisant se battre Snake Eyes (l’agile Ray Park) et Storm Shadow (la star sud-coréenne Lee Byung-hun) côte à côte ou encore en détruisant Londres de façon particulièrement dantesque. De même, le grand méchant Cobra Commander bénéficie enfin d’un look à la hauteur (on oublie le ridicule masque dont il était affublé à la fin du 1er opus) et d’une voix caverneuse qui confère au personnage une aura véritablement menaçante. On n’est, bien évidemment, très loin de la qualité des scénarios de la trilogie "Dark Knight" mais il faut admettre que l’intrigue de ce "GI Joe : Conspiration" (que les producteurs ont refusé d’appeler "GI Joe 2"… nouvelle preuve de leur volonté de couper net avec la passé) est bien plus denses que la plupart des productions de cet acabit (voir les "Transformers" et autres "Battleship"). Cette suite est donc un nouveau départ et, conséquence directe de cette volonté de faire oublier le passé, la quasi-totalité du casting a été renouvelé. Ainsi, aux côtés des quelques rares revenants cantonnés aux seconds rôles (dont un Jonathan Pryce délicieusement cabotin et un Arnold Vosloo subliminal), les rôles principaux ont été confiés à l’excellent Dwayne Johnson (qui vient à la rescousse d’une nouvelle franchise après "Fast and Furious"), au charismatique Ray Stevenson en méchant homme de main et, plus décevant, aux transparents Adrianne Palicki et D.J. Cotrona qui campent des GI Joe bien fades. Plus surprenant, le film peut compter sur la présence de Bruce Willis (dans le rôle du fondateur des GI Joe), qui vient gentiment cachetonné sans forcer son talent mais qui s’inscrit dans la logique à l’ancienne de cette suite. Au final, "GI Joe : Conspiration" s’avère être une surprise tout à fait agréable qui, sans aller jusqu’à révolutionner le genre (loin de là) a réussi à laver l’affront du 1er opus… au point qu’on espère une suite qui adopterait le même ton avec, pourquoi pas, le retour de quelques anciens.