Ouh là... Un film de Darren Lynn Bousman qui n'est même pas parvenu à connaître une sortie vidéo dans nos contrées, autant dire que ça promettait du lourd niveau naveton horrifique de compétition ! Et, à ce niveau, "Abattoir" a le mérite encore une fois de ne pas décevoir de la part de ce réalisateur, certes, pas très doué mais qui possède un indéniable grain de folie vu la grosse variété des errements de sa carrière. Comme d'habitude, "Abattoir" n'est clairement pas un bon film (si vous trouvez quelqu'un qui vous affirme le contraire, conseillez-lui un joli asile bien fleuri) mais, bon sang, ce truc est tellement improbable qu'il est impossible de ne pas s'amuser devant ! Rien que ce pitch d'un type qui dérobe littéralement des pièces entières de maisons où ont eu lieu des crimes violents dans le but de les collectionner est déjà formidable d'improbabilités mais il y a aussi cette magie typiquement Bousmanienne pour le traiter.
Mix hilarant entre le film d'horreur et le film noir qui entraîne des dialogues surécrits où les héros sont obligés de parler comme dans les années 30 alors qu'ils sont bel et bien ancrés dans notre époque (voir Jessica Lowndes et Joe Anderson tenter de se dépatouiller avec le matériau fourni est déjà un spectacle en soi), "Abattoir" est capable de vous faire passer d'un home-invasion d'une brutalité bien moderne au décor d'une espèce de petite ville de Louisiane soumise à un culte (où s'accumule visiblement toute la brume des États-Unis) tout en suivant le cheminement d'une enquête de polar rétro loupé. Oui, il y a tout ça et encore bien plus dans cet OFNI délirant, mal foutu et beaucoup trop long ! Au bout de quarante minutes, le film a quasiment tout pressé de son intrigue et va s'étirer pour des raisons qui échappent au commun des mortels mais apparemment pas à Bousman, sûr de son fait. Et on se retrouvera étonnamment récompensé d'avoir subi cette curieuse affaire par une dernière partie aussi jetée que la démesure de ses décors et prenant la forme d'un tour en train fantôme complètement dingo, jouissif et, croyez-le ou non, même sidérant par la puissance qui se dégage de cette virée dans une pure antre de la folie !
Bref, il n'y a que Bousman pour pondre un truc pareil dans le cinéma d'horreur US actuel, c'est toujours mauvais mais ça a ce don incroyable de partir dans tous les sens possibles avec une vraie générosité contagieuse. "Abattoir" est peut-être la quintessence de tout ce qui nous pousse à suivre sa filmographie bordélique et qui, à part ses opéra-rock gores, n'intéresse plus grand monde, le bonhomme a toujours de telles ressources pour surprendre dans la médiocrité que l'on ne peut que toujours s'y amuser un minimum.