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Un visiteur
4,0
Publiée le 27 décembre 2009
Je suis allé voir ce film car le cinéma nordique attise ma curiosité. ce film ne m'a pas déçu. j'y ai retrouvé la même marque de fabrique de la plupart des films nordiques. il ya certes quelques petites longueurs mais dans l'ensemble le récit m'a tenu en haleine. la direction d'acteurs est excellente, tout comme la bande son. De même, une photo très soignée. et j'ai trouvé l'idée de scinder le récit en deux intéréssant. une bonne surprise donc.
Sur les thèmes résurgents du pardon et de la rédemption, le film s'appuie sur une construction tarabiscotée presque mystifiante qui expose, par flash back, le cheminement d'une mère et de l'assassin présumé de son fils, en quête tous deux d'une délivrance. Quelques péchés véniels : le choix de l'acteur principal, sosie de Ringo Willy Cat (certes, ceci ne gênera que les Français !) ; l'inversion complaisante des stéréotypes (le pasteur est une femme sexy ayant un acquis théologique de première année de catéchisme, la victime est hystérique et peu sympathique) ; le final aux ficelles épaisses. Mais on reprochera surtout à Erick Poppe de garder au récit la raideur imperturbable d'un documentaire scientifique et industriel. Par déficit d'émotion, cette prêche en eaux troubles reste assez peu miraculeuse hormis la vibrante partition musicale avec de splendides morceaux joués à l'orgue.
La trame d'En eaux troubles fait immédiatement penser à celle de Boy A, du moins dans son début. Comment, 8 ans après le meurtre d'un enfant, dont on est jugé responsable, réapprendre à vivre, se réinsérer dans la société, comme disent les bons citoyens. Le réalisateur norvégien Erik Poppe aurait pu signer une simple étude psychologique, il choisit de faire basculer le film à sa moitié et nous montre les parents de la victime, 8 ans après, toujours, conscients que cet homme est en liberté. Retours en arrière incessants, intrigues parallèles, scènes vues sous deux angles différents, le cinéaste déploie tout un arsenal scénaristique qui aurait pu plomber le film. En virtuose du récit acrobatique, Poppe évite le dérapage vers le mélodrame (de peu, c'est vrai) et délivre in fine un thriller psychologique haut de gamme, qui privilégie l'humain et fuit le manichéisme. Les dernières scènes sont vibrantes, déchirantes, troublantes, bouleversantes. Sans cesse en équilibre précaire, En eaux troubles est un film inconfortable, d'une densité inouïe, pour peu que l'on se laisse entraîner (et manipuler) par sa narration de plus en plus syncopée.
Un très beau film venu du Nord. Ce film vaut aussi bien pour son intrigue, surprenante, de bout en bout, que pour ses acteurs, vraiment parfaits. A noter que ce film fera aussi aimer l'orgue à tout le monde !
Finalement, c'est souvent avec satisfaction qu'on constate qu'un film qu'on a beaucoup aimé se retrouve quasiment ignoré et totalement démoli dans les pages de Télérama. Quand on voit ce qu'il leur arrive d'encenser ! En tout cas, ne vous fiez absolument pas à eux en ce qui concerne ce film, particulièrement réussi : il raconte l'histoire de Jan Thomas, un jeune homme qui sort de la prison où il avait été envoyé pour un crime commis sur un enfant et qu'il a toujours nié. Très bon organiste, il est engagé par une église d'Oslo pour accompagner les offices et, petit à petit, il arrive à réussir une réintégration dans la société pas toujours évidente après ce qui lui est arrivé. Il en est même à commencer une relation amoureuse lorsque son passé se met à le rattraper. Peut-être certains verront ils une petite parenté avec "Boy A", sorti il y a une dizaine de mois, film qui avait obtenu un très bon succès public mais que je trouve personnellement largement inférieur à "en eaux troubles". En tout cas, ce film du norvégien Erik Poppe, qui avait déjà réalisé 2 longs métrages jamais sortis en France, réunit toutes les qualités qu'on peut attendre d'un film : excellent scénario, mise en scène fluide, sobre, retenue, montage très intelligent, musiques superbes et interprétation de grande qualité, en particulier Trine Dyrholm , qui joue le rôle d'Agnès, la mère de l'enfant assassiné. Un grand film sur la rédemption.