Pendant la glorieuse bataille du ciel, nombreux sont ceux qui se sont heurtés au fameux mur du son.
Le grand David Lean leur rend hommage dans un film qui mériterait plus de considération et de reconnaissance, même dans une filmographie où il côtoie certains piliers du Septième art.
Certes, les scènes familiales sont bâclées : Lean ne sait pas vraiment filmer les enfants, et ses expériences précédentes de peinture d'une famille sont assez décevantes (dans Heureux mortels notamment). Le beau-père industriel qui, au lieu de pleurer la mort de son gendre, tente le soir-même de profiter de son témoignage : une bassesse inutile dans un film au sujet différent.
Mais au-delà de cela, au-delà de ces scènes de larmes et de réconforts, il y a le ciel, immense, qui offre à ces hommes de s'enivrer de vitesse. Les tentatives pour briser le mur coupent le souffle, et la plupart étant vaines, au prix de vies humaines, on en vient à douter de ce qu'on a vu : Non ! Non, ce n'est pas possible, il n'est pas mort ! Il va surgir du cratère au milieu des débris de son appareil, aussi frais et propre qu'une heure auparavant !
L'angoisse et l'espoir sont tels qu'on se projette dans l'esprit de ceux qui restent au sol : les yeux rivés sur notre écran, spectateurs passifs d'une tragédie inévitable, un frisson parcourt tout notre être.
Un David Lean mineur, peut-être, mais, plus encore que les fresques éternelles que sont Lawrence d'Arabie, Docteur Jivago ou d'autres encore, Le Mur du son est audacieux, fiévreux et passionné.