La première question que l’on se pose devant ce troisième volet des aventures de Bridget Jones, c’est « Etait-ce absolument nécessaire ? ». Etait-ce absolument nécessaire de convoquer Zenée Zellweger, de l’enlaidir comme les deux premières fois, pour incarner une troisième fois la maladroite et attachante Bridget ? Parce que même si on passe devant ce film un agréable moment de comédie, il faut bien reconnaitre que la magie n’opère plus de la même manière, et on sait presque d’emblée comment tout cela va finir. C’est honnêtement réalisé, de façon académique et efficace. La bande originale fait la part belle aux tubes (et on monte le son, pour en profiter encore mieux !) et pas toujours des meilleurs ! C’est évidemment agréable à l’oreille mais quand vous voyez au générique de fin « Musique : Craig Armstrong », vous vous demandez bien où vous avez raté un truc ! Des tubes pop plus ou moins sympas, j’en ai entendu mais du Craig Armstrong… Côté casting, Renée Zellwegger fait le job, en surjouant la maladresse, la fragilité, l’inconscience comme elle le faisait dans les deux autres films. Sauf que ça commence à moins fonctionner et à devenir un tout petit peu agaçant et sans doute que le doublage français n’arrange rien. Colin Firth est parfait en gentleman coincé et quasiment tous les passages vraiment drôles, vraiment très drôles viennent de lui et de son côté pince-sans-rire. Avec un point d’orgue un voyage en urgence jusqu’à la maternité qui, je l’avoue, m’a fait rire aux larmes ! Patrick Dempsey, en revanche, je ne suis pas fan et je regrette beaucoup le charisme dandy et irrésistible de Hugh Grant. Dempsey est censé jouer dans un registre un peu différent, l’américain cool et branché, il fait de son mieux mais je ne l’ai pas toujours trouvé très à son aise. Côté scénario, on est en terrain connu, Bridget est égale à elle-même, Darcy aussi, tout cela est bien balisé. Comme on est dans une comédie romantico-tout public, les seconds rôles n’ont quasiment aucune nuance ni aucune profondeur, ce qui là aussi finit par agacer un peu. La palme du rôle caricatural revenant à la nouvelle patronne de Bridget, dont le gout pour le trash semble un poil trop décomplexé pour qu’on y croit vraiment. Du coup, ça se veut drôle et ça l’est… moyennement ! Les aventures maternelles de Bridget, le combat de coqs entre les deux prétendants au rôle de père, agrémenté ici et là de quelques scènes drôles, voire franchement drôles (même si elles ne sont pas toujours très fines, avouons-le !), tout cela remplit vaille que vaille un scénario sans imagination mais qui, je le reconnais, est efficace. La maternité est présentée comme quelque chose à laquelle Bridget, apparemment représentative de toutes les femmes, aspire : c’est merveilleux, épanouissant et patacouffin ! On a connu Bridget plus « politiquement incorrecte » mais bon, je ne m’attendais pas à autre chose ! Pas de temps morts, pas d’ennui, on passe devant le troisième « Bridget Jones » un moment de comédie sympathique et agréable sans prétention. Mais au sortir de la salle, on se dit que malgré tout, le ressort est rouillé, voire même presque cassé. Le cinéma à tiré tout ce qu’il pouvait de cette pauvre Bridget, il serait peut-être temps de la laisser tranquille. Ca tombe bien, au vu des 5 dernières minutes du film (avec un rebondissement de toute fin que j’avais vu venir à des kilomètres mais qui me fait rire !), je crois bien que ça va être le cas : même s’il ne faut jurer de rien avec le cinéma des grands studios américains, la boucle semble bouclée.