Prostitution au masculin, homosexualité, squat, traîne misère, Midnight Cowboy, signé John Schlesinger, 1969, fût, à l’image du célèbre Easy Rider de Dennis Hopper, un film hautement provocateur dans l’univers alors très policé du cinéma américain. Contesté et contestable, le film fût pour autant chaudement accueilli dès sa sorite par un public et des critiques impressionnés par le culot de son metteur en scène, par les prestations presque dérangeante, de son temps, de Dustin Hoffman et Jon Voight, pour rappel tous deux nominés à l’oscar du meilleur acteur. Débarquant de son Texas profond, Joe Buck espère profiter du vivier féminin de la métropole New-Yorkaise pour vendre son corps. Très vite endetté, crève la faim, Joe se lie d’amitié avec Rizzo, petit tuberculeux italo-américain qui l’entraînera, dans son malheur, vers un nouvel exil.
S’il n’est dès lors pas dans mon intention d’accabler le film sous le poids de critiques acerbes et irréfléchies, je n’ai pour autant jamais accordé crédit au long métrage, révélateur d’un nouveau dynamisme à la fin de années 60 mais cruellement désuet au jour d’aujourd’hui. Si parfois, les films sont des témoins immortels d’un temps révolu, souvent passionnant culturellement, ici l’écart social entre 1969 et le 21ème siècle terni allègrement la lecture d’une œuvre qui n’est plus ni choquante ni entraînante. Que Jon Voight et Dustin Hoffman, surtout le second, soient excellents n’y changent rien. L’on accède dès lors à une narration déphasée qui fit mouche à son époque mais qui ennuie de nos jours. Témoin d’une Amérique crasseuse en pleine restructuration, John Schlesinger avait pourtant le potentiel pour inscrire son film dans l’histoire.
Encore une fois, à l’image du film contemporain de Dennis Hopper, le trip, la folie des personnages tue dans l’œuf toute réelle volonté de faire du film une plateforme culturelle. Si John Schlesinger parvient toutefois à faire ressortir divers éléments dans son film, le plus singulier d’entre tous est cette description miséreuse du New-York des années 60 et 70, crasseux, gris, immensément peuplé de la lie humaine comme de la fortunée classe première. Les deux personnages de Macadam Cowboy ne sont pour ainsi dire pas intégrés à cette énormité culturelle qui semble pourtant englober tout un chacun. Ne trouvant pas leur place dans la Grosse Pomme, nos deux compères s’enfuient, en dernier recours, vers le soleil de Floride. Pour être honnête, si le film aurait duré une heure de plus, la Floride aurait elle aussi été symbole d’enfer pour ce texan complètement paumé.
Critique dissidente, oui, mais peu objective car se basant sur une vision d’aujourd’hui d’un film d’hier. Si bon nombre de classiques du cinéma ont vieillis avec les honneurs, prolongation de leurs époques, témoins de l’histoire, d’autres sont désormais à archiver, aussi cruelle que cela puisse paraître. Macadam Cowboy était peut-être un chef d’œuvre il y bientôt 45 ans mais ne l’est indéniablement plus aujourd’hui. Son propos est mort et enterrés. Un film vieux comme le monde qui n’aura pas percer les âges. Seuls Dustin Hoffman et Jon Voight sont les témoins de cet ovni télévisuel qui n’emballe malheureusement plus grand monde. 07/20