En quoi s'inventer un monde est un acte tout aussi réel pour soi que celui de vivre 'matériellement' dans le monde ?
Que deviennent-ils toutes ses personnages, ses âmes volatiles, brèves, intenses, meurtries, que deviennent-elles dans le néant ambiant ? ..
Regarder 'Le monde de Barney' est une expérience que j'ai considéré comme étant hautement littéraire dans le sens où l'on sent le roman intimement proche de l’œuvre cinématographique. Et comment ne pas penser au 'Monde selon Garp' également ou à du Woody Allen ?
Le succès de ce monde tient tout d'abord dans la fresque funambulesque, burlesque, pathétique, comique, dramatique des personnages exposés ; tantôt excentriques, perturbés, tantôt désireux de s'établir, de se ranger, le tout vagabonde dans une indécision spirituelle assez
entrainante et tout à fait originale. Les personnages sont là, présents de bout en bout, extrêmement vivants, vrais, authentiques, pleins et c'est déjà presque suffisant, on s'y attache très vite.. Paul Giamatti dans le rôle du producteur minable mais riche, alcoolique, touchant et amoureux.. Dustin Hoffman parfait dans celui du père super cool, conseiller et totalement ouvert.. Bruce Greenwood en écrivain perturbé, peureux, refusant
d'achever son roman, par peur, tombant dans la drogue et la dépression.. Bref, vous l'aurez compris de ce point de vue le film est parfait.. Ce postulat fort est complété par un scénario, certes pas brillant, mais qui tient parfaitement la route avec même un soupçon d'intrigue policière, les temps morts sont rares, l'ennui peu fréquent et dernièrement à noter une bande son des plus alléchantes avec notamment du Léonard Cohen, du Donovan,
ou encore du J.J Cale.. Un très bon film en somme qui semble pourtant passer plus ou moins inaperçu, peut-être insensiblement black-listé par les grosses productions américaines.