Ah ça ! Y'a pas à dire : on a de quoi voir et écouter ! S'il y a bien un point sur lequel je rejoins la plupart des personnes qui ont apprécié et encensé ce film, c'est bien sur le fait que ce cher Thomas Alfredson s'est montré très méticuleux et soigné pour la photographie, le son et le casting. Il suffit d'ailleurs de citer quelques noms s'en convaincre : Gary Oldman, Colin Firth, Mark Strong, John Hurt, Toby Jones... et même le Jules César de la série "Rome" – Claran Hinds – sont autant d'acteurs dont la seule présence fait saliver ! Et pourtant... A quoi sert une telle performance dans la composition et la technique si c'est pour n'avoir rien à raconter ??? ...Bah oui ! Encore une fois je vais peut-être encore passer pour l'aigri de service, mais pourtant – je vous jure que je ne le fais pas exprès ! – je me suis fait chier comme un rat mort devant cette magnifique coquille vide. Si vous y allez, chronométrez. Vous constaterez qu'au bout de trois quarts d'heure il ne s’est encore RIEN passé. On est encore dans la situation initiale. A part nous faire défiler le casting bout par bout sur de très belles teintes sépia et avec une joie de vivre digne du Goulag, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. D'ailleurs, en ce qui concerne l'ambiance du film, on serait en droit de se demander un moment si cette "Taupe" ne serait en fait une sorte d'uchronie mal annoncée tant le Royaume-Uni dans ce film a vraiment des allures de pays de l'est ayant subi deux siècles de dictature communiste ! Si j'insiste d'ailleurs autant sur ce ton "sobre" et monocorde qu'adopte le film, c'est qu'il fut véritablement mon pire ennemi durant ces deux heures d'ennui car, plus le temps passe, et plus l'intrigue peine à avancer. C'est d'ailleurs un vrai paradoxe de faire un film d'espionnage, construit sur le principe d'un agent-double à démasquer, tout en adoptant simultanément une démarche qui tue tout suspens et tout effet d'attente. Personnellement, on ne m'aurait pas révélé l'identité de la taupe au bout du premier quart d'heure, on ne m'aurait pas endormi avec des dialogues de vieux papys marmonnent en permanence (je veux bien qu'ils soient espions mais quand même !) et surtout on m'aurait rempli l'intrigue de plus d'UNE péripétie (qui aurait été de préférence moins basique et prévisible), j'aurais pu apprécier le travail d'ambiance opéré. Mais désolé : quand un film ne repose que sur une démarche esthétique, sans avoir aucune intrigue ni aucun propos à proposer, ça reste pour moi du simple exercice de style (car oui, se limiter à « la guerre froide c'est pas marrant pour ceux qui la mènent car ils la mènent dans le secret » je trouve ça un peu court jeune homme), pour moi. Or, à moins qu'un film propose une vraie dynamique dans son exercice formel, je trouve que l'exercice de style, c'est chiant. Pour moi, "la taupe" n'est effectivement qu'un banal exercice de style sans intérêt. En voir 5 minutes c'est avoir vu tout le film. Donc si vous êtes comme moi, à aller au cinéma pour se faire emmener par un univers et par une histoire, le mieux serait à mon sens de ne pas miser sur cette miteuse "Taupe"...