Black mic-mac est une comédie pas désagréable, qui explore avec gaieté mais aussi de façon un peu trop attendue l’exotisme de la communauté africaine à Paris dans les années 80. Un moment sans surprise particulière, mais plutôt divertissant.
Le casting est bon. Si l’on peut regretter un Isaach de Bankolé un peu trop tiède, en revanche il est solidement entouré par des seconds rôles hauts en couleurs, notamment une belle galerie de jolies femmes pleines d’entrain, de naturel, et qui apporte un petit grain de folie pas désagréable du tout. Je pense spécialement Félicité Wouassi. Largement dominé par un casting noir, ce qui n’était pas fréquent dans les comédies françaises du temps, on trouve néanmoins un acteur blanc forcément attendu dans ce rôle cocasse d’inspecteur sanitaire embarqué dans une folle épopée : Jacques Villeret. Très amusant, il livre une composition à la hauteur de son talent comique, et le résultat est plus que satisfaisant. Il y a des passages très drôles, et il est aussi très juste et piquant au début où il fait son boulot avec le sérieux du fonctionnaire incorruptible.
Doté d’acteurs amusants et de seconds rôles excentriques, Black mic-mac s’attaque à un sujet finalement plus sérieux que je ne le supposais, en se confrontant à l’immigration (irrégulière), et aux ghettos qui pouvaient déjà se former à Paris dans les années 80. Le film ne cherche cependant pas réellement à distiller un message social particulier, mais cette toile de fond donne une étonnante résonnance au film aujourd’hui. Doté d’un rythme allègre et de beaux moments comiques liés aux coutumes africaines décrites, Black mic-mac se laisse suivre sans déplaisir, même si on ne peut s’empêcher de le trouver assez consensuel, pas assez surprenant, et exploitant finalement tout ce que l’on pouvait attendre de basique dans le registre. Ça manque d’ambition, et le concept de base était sans doute un peu juste pour tenir tout du long en éveil.
Formellement Gilou nous livre un film assez sobre. Plus de couleurs, de fantaisie n’aurait pas été de refus, puisque ça se serait bien harmoniser avec l’histoire et les personnages. Reste une mise en scène très convenable, une bande son pas mal non plus. Pour tout dire, ce n’est pas là qu’il faut attendre ce Black mic-mac, qui reste assez théâtralisé, et qui n’est ni franchement percutant sur le plan du réalisme (le ghetto ne fait pas franchement ghetto) ni très décalé et exotique.
Pour conclure, voilà une comédie française des années 80 qui devrait plaire à un public conquis, pas trop exigeant, et appréciant évidemment Villeret. Une belle idée de départ que Gilou aborde relativement paresseusement, mais suffisamment bien pour garantir le divertissement. 3