Basé sur l’œuvre originale de l’irlandais Ken Bruen, il n’est pas certain qu’Elliot Lester, jeune réalisateur, ait cherché à réaliser le film du siècle ou à rivaliser avec de grosses productions américaines. 2ème réalisation de ce réalisateur plutôt habitué à la pub et aux clips, après un confidentiel long métrage, Love is the drug (univers noir de la drogue en milieu étudiant), il a à faire avec des acteurs plus épais, au passé cinématographique plus lourd.
Thriller de type série B, Blitz se révèle toutefois assez attractif, pour le plaisir de voir s’exprimer devant nous quatre personnalités aussi éloignées les une que les autres, à savoir Jason Statham, (Brant), Paddy Considine, (Sergent Porter Nash, flic homo), Aidan Gillen, (Barry Weiss et le Blitz) et enfin Zawe Ashton, dans le rôle d’Elizabeth Falls, femme flic et noire.
Le film emprunte à l’univers du livre, autant que faire se peut, cinématographiquement parlant et budgétairement parlant, il va s’en dire. Classé dans les films indépendants, la production n’aura de cesse de mette en avant ‘’Jay’’ pour promouvoir ce thriller anglais, truffé d’irlandais.
Un psychopathe se met en tête de flinguer, à qui mieux-mieux, les forces de l’ordre, en pleine rue et sans visiblement craindre pour sa vie et son identité. Assez vite évoqué dans le déroulement du film, il y a peu de doutes quant à l’identité du tueur. Mais voilà, l’identité c’est bien, mais les preuves, c’est mieux, au sens de la loi et pour boucler les malfrats.
Il s’ensuit une opposition féroce et mentale entre Brant et The Blitz, avec en couronne accompagnatrice, le Sergent Porter Nash, déplacé d’un poste de police des quartiers huppés pour ce quartier gris, habité par une population ouvrière et lieu de tous les trafics entretenus par des voyous sans scrupules et Elizabeth Falls, hantée par de vieux démons, au passé ambigu, elle-même issue de ce quartier.
L’image du film est terne et accompagne avec intelligence le développement voulu de l’ambiance glauque et nerveuse, voire sordide. L’histoire dénonce par ailleurs l’action néfaste des tabloïds anglais, par l’intermédiaire de David Morrissey dans le rôle du journaliste Harold Dunlop, prêt à tout, y compris à passer sous silence certaines découvertes à sensation pour son scoop, oubliant juste que les flics qui se font dessouder, ont eux aussi des familles. Les ficelles sont donc assez grosses et l’on retrouve aisément le leitmotiv des succès de l’Inspecteur Harry avec Clint Eastwood ou du Justicier avec Charles Bronson.
La loi est la loi, mais devant les non sens parfois des évidences et pour aller plus vite, (et plus juste ?), on expédie la loi avec une habitude borderline, habitude qui finit par rendre les écarts concevables et recevables, du moins par les auteurs des faits. Amoral donc, mais on se surprend à apprécier la chose.
En quoi donc Blitz est-il un film remarquable ? Jason Statham tout d’abord dont il faut rappeler les origines. Depuis la série Le transporteur, beaucoup pense que Jay est un acteur né, dans la profession depuis des lustres et professionnel de la baston. Il n’en est rien. Ancien nageur de haut niveau, (équipe d’Angleterre), mannequin à l’occasion, Jay a repris les ‘’œuvres’’ de ventes à la sauvette de son père dans la rue avant d’être repéré. Autant dire que pour Blitz, Jay était dans un univers parfaitement connu, du pur vécu.
On ressent la frustration et la violence contenue par Brant, face à Aidan Gillen, excellent de perversité, hyper crédible. L’opposition entre les deux est beaucoup plus psychologique que physique, même si Lester nous offre quelques scènes d’action. Il prend soin cependant de ne pas nous servir de l’action de base pour rehausser un manque de scénario, car le scénario existe même s’il semble un peu convenu. Cette qualité d’opposition est relevée par les personnages campés par Considine et par Ashton.
Paddy Considine joue le rôle d’un flic homo, déplacé pour avoir franchi la ligne trop clairement. Il a subi par ailleurs l’homophobie de ses ‘’collègues’’ policiers, très policés, trop pour être honnêtes. Les équilibres sont chahutés. Le rôle d’Elizabeth Falls achève la fragilité évoquée des équilibres, par la révélation de son passé, que je n’évoquerais pas ici pour éviter les spoilers.
Bref, ce film à évidences est beaucoup plus subtil qu’il n’y paraît, car il a l’ambition de démontrer que nous sommes souvent sur la ligne, que tout peut basculer en un clin d’œil, du côté de la lumière ou de l’ombre. Le film semble donc plus ambitieux que le simple polar.
A noter que Jason Statham joue dans un registre moins physique que d’habitude et que comble du miracle, enfin, quant un gars prend un pain magistral, il ne se relève pas 50 fois, en pleine forme.
Critique trop longue, pour lire la fin rdv sur www.etoilesetoiles.fr rubrique Films ;-)