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Yves Echard
96 critiques
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5,0
Publiée le 31 juillet 2024
Le cinéma italien a toujours été politique des années 40 aux années 70 comme le cinéma US de l'âge d'or d'Hollywood malgré mackarty et la chasse aux sorcières.
Pietro Germi ne bénéficie pas aujourd'hui de la même aura que celle d'autres cinéastes de l'âge d'or du cinéma transalpin.
Pourtant Germi est signataire de plusieurs opus de tout premier ordre dans le registre de la nouvelle comédie italienne ( " divorce à l'italienne" -61- ou " séduite et abandonnée" -64) et il obtint même une palme d'or à Cannes en 1966 ( " ces messieurs dames"), partagée avec Lelouch et son fameux" un homme et une femme".
Les positions politiques de Germi à la ville expliquent peut-être la réserve à l'endroit de son travail ( il est connu pour ses déclarations peu amène à l'égard de l'influent PCI de l'époque).
"Au nom de la loi" est un de ses premiers films comme cinéaste ( 1949) et Germi affiche déjà une maîtrise indéniable. Soutenu par un scénario où on trouve Fellini et Monicelli ( grand ami de Germi à la ville), Germi propose un regard sur le poids et l'influence de la mafia en Sicile.
Un jeune juge ( Massimo Girotti) est nommé dans un bourg sicilien et est rapidement confronté à l'hostilité (policée - une assemblée souriante est un mauvais présage comme le dit l'actrice principale) de la bourgeoisie et du parrain local ( Charles Vanel - doublé pour l'occasion).
Certes on n'atteint pas ici les sommets du genre ( Francesco Rosi et Elio Petri en seront les maîtres plus tardivement) mais le film est vraiment d'une très bonne tenue. La déclaration du juge devant la population réunie sur une place du village, adopte un ton corrosif qui dû faire grincer des dents.
Certains critiques hexagonaux, que je ne rejoindrai pas, reprocheront étrangement un côté supposément dogmatique au cinéma de Germi, qui s'exprimerait notamment dans ce film.
Sa réédition en salle est l'occasion de voir ou de le revoir, dans les meilleures conditions et de juger sur pièce. Il le mérite.
Datant déjà de 1949, ce qui n'en fait pas du tout un film récent, Au nom de la loi fait partie des ces vieux films qui garde de leur fraîcheur malgré les années qui passe. Pietro Germi nous raconte l'histoire d'un juge intègre parachuté dans une petite ville sicilienne et devant faire face à la mafia. Le scénario est écrit par le réalisateur mais aussi d'autres noms dont ceux de Mario Monicelli et Federico Fellini. Ce juge intègre est bien campé par Massimo Girotti qui devra faire face à l'acteur français Charles Vanel incarnant le chef local de la mafia. Vu dans un belle version restaurée, ce qui permet de rendre hommage à la modernité de ce film que ce soit sur son fond ou sa forme. Certes on est bien conscient de ne pas visionner un film récent mais Pietro Germi filme cela avec un rythme soutenu, avec un style parfois percutant proche du cinéma américain de l'époque, il s'éloigne du fameux néo-réalisme du cinéma italien de cette période. Au nom de la loi est une belle découverte qui met en exergue la complexité de personnages coincés dans une machine humaine infernale, l'incapacité de changer des situations que tout le monde accepte malgré eux. Le final très cinématographique, peut-être un peu pédant, possède néanmoins une force visuelle qui nous interpelle.
« In nome della legge » (Au nom de la loi) est le troisième film réalisé par Pietro Germi et le premier succès international du réalisateur. Il est adapté du roman « Piccola pretura » de Giuseppe Guido Lo Schiavo par Giuseppe Mangione et scénarisé par Germi aidé de Mario Monicelli, Tullio Pinelli et Federico Fellini, excusez du peu. Cette histoire d’un jeune juge intègre et courageux débarquant dans une petite ville sicilienne coincée entre un riche Baron et la maffia fut entièrement tournée en Sicile. Le déroulé du film, de par sa précision et l’absence de moment inutiles (Germi admirait John Ford) installe une intensité peu commune dans le cinéma italien de cette époque. Les mouvements et cadrages font penser aux westerns que Leone réalisera quinze ans plus tard et la musique (parfois envahissante) de Carlos Rustichelli donne un aspect très soigné à l’ensemble. Massimo Girotti incarne avec force et nuance, ce courageux juge qui s’interroge face à l’impuissance de son métier, l’environnement hostile car craintif, et du peu de soutien de sa hiérarchie. Charles Vanel lui donne la réplique, en campant un chef de la maffia au calme effrayant. Si les seconds rôles sont épatants, malheureusement Camillo Mastrocinque (le Baron) est peu convaincant. Quant à la belle Jone Salinas, qui malgré son physique avantageux connu une carrière avec peu de rôles principaux, son absence de présence à l’écran expliquant cela, elle interprète avec justesse et par défaut une Baronne résignée, étrangère à ce monde et dont l’espoir d’évasion sera définitivement brisé à la fin. Fin par ailleurs peu crédible, mais qui se comprend, Germi n’est pas encore reconnu comme un grand réalisateur, qui le fait passer tout près d’un chef d’œuvre.