Le personnage principal du film, le plus original, celui qui a le plus de consistance psychologique, c'est le critique de "Je suis partout". Truffaut avait fait ce métier aux "Cahiers du cinéma", cela rapproche. Le critique en question est inspiré de Laubreau, qui avait été secoué par Jean Marais parce qu'il n'aimait pas les homosexuels. Dans le film, il y en a deux : Andréa Ferréol et Jean Poiret, le metteur en scène. On se demande si le mari germano-juif de Deneuve ne l'est pas aussi. Bien entendu, le pseudo Laubreau est détestable, collabo, antisémite, tortueux, manipulateur. Mais il connaît son métier et a une intuition assez exceptionnelle. Le tout est très bien filmé dans des décors assez poisseux. Les meilleurs acteurs sont secondaires, comme Risch, Ferréol, Haudepin, et aussi Poiret. En revanche, Deneuve, belle plante, qui ne laissait pas Truffaut indifférent, est systématiquement froide et a une diction exécrable. Ce qui n'est pas le cas de Depardieu, plus jeune de cinq ans que sa partenaire, léger, pinceur de fesses, pas très perspicace, résistant fantoche, dont le personnage n'a pas une personnalité folle. L'ensemble se regarde sans ennui. Maintenant, il faut passer à autre chose qu'à l'Occupation : les traction avant noires sont fatiguées, les manteaux à martingale mités, les chapeaux de ces dames introuvables comme les uniformes de la Wehrmacht.