Il est de ces films qui nous marquent de façon indélébile sans jamais que l'on comprenne pourquoi. L'homme au masque de fer n'a rien d'un chef d'oeuvre. Ses défauts sont même assez nombreux. Pourtant, je l'apprécie. Il ne vaut guère plus qu'un 2,5. Alors pourquoi 4 ? Disons que la valeur sentimentale entre en jeu et me force à gonfler la note. Il y a une dizaine d'années, j'ai eu un sacré coup de foudre pour les aventures des 3 mousquetaires, de D'Artagnan, du cruel Roi Louis et du mystérieux homme au masque de fer. Aujourd'hui, avec un œil plus critique, je le redécouvre. Première chose : quel monstrueux casting ! L'affiche envoie du lourd avec une distribution venant d'un peu partout : Depardieu, DiCaprio, Byrne, Irons que j'adore, Malkovitch !!! Encore une fois je le dis et je le répète : qu'est-ce que j'aime Jeremy Irons ! Le rôle lui va comme un gant. Est-ce vraiment étonnant de la part de cet acteur de génie ? Jouer les vieux sages doit être la chose qui l'amuse le plus dans son métier, ou en tout cas, l'une des choses qu'il fait le mieux. Dans un rôle plus effacé, on retrouve Peter Sarsgaard, probablement à ses débuts. Il y est tout jeunot, dans un rôle de moindre importance (son seul intérêt est
de mourir au combat
, hé oui, désolée les enfants c'est la vie). Son père est joué par John Malkovich, égal à lui-même. Face à lui, notre fierté nationale, Gérard Depardieu. Son humour est souvent bien limite. Lorsque l'on n'apprécie pas l'homme, il est difficile d'apprécier l'acteur et ses personnages. Depardieu, en tant que Porthos, ne semble être rien de plus que lui même, ce bon vieux Gérard, avec sa propension pour l'alcool et les femmes. J'attends de le voir dans d'autres rôles, espérant une surprise. Qui sait ? Quelques autres noms français complètent le casting. Judith Godrèche tâche parmi la prestigieuse distribution du projet. Pour une femme sensée faire chavirer le cœur d'un Roi, elle est bien fade. Et mauvaise actrice...
Sa disparition est un soulagement !
Enfin, celui grâce à qui le film a bénéficié d'un coup de projecteur, celui qui avait fait chavirer les cœurs quelques semaines plus tôt à la sortie du Titanic de Cameron : Leonardo DiCaprio. L'acteur s'attelle à la difficile tâche du rôle double-emploi : à la fois le Roi Louis et le mystérieux homme au masque de fer, aussi appelé Philippe. Il s'y prend de façon parfaite, rien à redire sur son jeu. Il parvient à passer d'une personnalité à l'autre sans soucis. En revanche, les personnages des
deux frères
sont trop peu fouillés. L'un est blanc, l'autre est noir. Il n'y a aucune nuance dans leur traitement, c'est dommage. Peut être aurait-il fallu que le film dure 3 heures pour que les personnalités des protagonistes, relativement nombreux, soient dégrossies. A l'instar de l'écriture des personnages, l'intrigue n'est pas vraiment poussée. Elle n'a rien de novateur, mais reste sympathique en remplissant le cahier des charges d'un bon divertissement historique. Parfois un peu maladroite, la réalisation est bancale et l'on se serait bien passé de certaines scènes risibles (malgré elles bien sûr). Je pense par exemple à la scène où Jeremy Irons se déguise pour faire s'échapper Philippe, et surtout la façon dont il le cache, qui vaut le coup d’œil. Difficile de se retenir de se moquer ! Les effets "cheap" sont également trop présents : l'omniprésence de ralentis dans les moments cruciaux choque. Cela ne serre à rien à part à tenter de donner un côté épique à un film ne nécessitant pas de tels stratagèmes. Non, il n'en nécessite pas ! Les décors sont superbes, les musiques magistrales, les combats fluides et bien orchestrés. Côté combats à l'épée, vous serez servis. Car si la première partie est parfois longue, l'oeuvre gagne grandement en intensité dans sa deuxième partie, lors de l'apparition de Philippe
à la cour
. Finis les interminables discussions de vieux mousquetaires, place à l'action ! Les intrigues s'effacent pour laisser place aux combats. Même si tout est un chouia trop facile pour les 4 (+1 avec un masque) compagnons, le dénouement est assez satisfaisant. Tout est bien qui finit bien. Impossible de terminer cette (longue) critique sans parler des musiques que les plus attentifs auront déjà remarqué. Les musiques de Nick Glennie-Smith sont remarquables. Le thème principal, Heart of a King, est beau et puissant, et nous emporte en procurant beaucoup d'émotions. Ecoutez-le, vous ne le regretterez pas. Chapeau monsieur !