3 ans après le retentissant succès de « Pulp fiction », Tarantino nous revient avec ce « Jackie Brown » plein de promesses. Afin de ne pas risquer de décevoir les attentes, il reprend plusieurs mêmes ingrédients : un film de gangsters, des dialogues à la rallonge, des situations improbables, de l’humour noir et une durée de film exactement pareille. Bien qu’elle ait tous ses points en commun, elle n’égale pas l’oeuvre culte -il faut avouer que c’est difficile-, mais ça reste quand même une très belle réalisation pour ceux qui apprécient le style. Je parle du fait qu’on prend tout notre temps dans ce film, on se détend, on papote bien comme il se doit et on agit tranquillement. Oui c’est parfois long tout ça, mais l’originalité des dialogues fait que même s’ils sont verbeux, parfois même inutiles, ils ne laissent pas place à de la monotonie. Aidant à cela, la réalisation est très soignée, multiplie les plans de manière astucieuse, sait jouer de techniques inédites et parvient à nous surprendre pas mal de fois. Le jeu d’acteur lui, est tellement crédible, tellement fort qu’on est facilement submergés dans l’intrigue. Tous sans exception sont vraiment excellents, mais Pam Grier alias Jackie Brown, avec sa coiffure imposante, m’a vraiment épaté en esquissant tout le temps son petit sourire malicieux qui colle si bien à son rôle. Son charisme qui se reflète dans sa gestuelle, dans son regard, dans sa démarche, enrichit énormément ce personnage intriguant. Pas étonnant ni désagréable que la caméra s’attarde longuement sur elle en exclusivité sur pas mal de plans. Plus que tout autre acteur, il aurait été extrêmement dur de la remplacer. Toutefois, ce qu’on peut déprécier c’est cette fin quelque peu décevante, surtout quand on connaît à l’avance les promesses sous-jacentes des films signés Tarantino. Du coup, à cause de ce manque d’audace, ce défaut d’exaltation et d’effet de choc dans sa clôture, on finit par être blasé et par se rendre compte en y repensant qu’il est facile de résumer très rapidement cette histoire en fait, pour un film qui aura tout de même duré 2h30, chose qu’on n’aurait pas forcément réalisé avec une fin plus mouvementée. Le célèbre réalisateur ne nous a pas forcément trahis sur ce coup-là, c’est juste que le pacte final n’a pas été totalement respecté, en tous cas pas vraiment de la façon avec laquelle un cinéphile assidu a dû s’attendre.