Bon, Jackie Brown est un bon Tarantino, solide, malgré des défauts inhérents au réalisateur, mais qui sont ici moins gênants que de coutume, peut-être grâce à une intrigue ludique.
Les défauts inhérents en question tiennent d’abord dans la tendance à la lenteur du réalisateur. Tarantino prend son temps, il prend beaucoup de temps, et parfois pour pas grand-chose. Il y a des scènes qui durent quelquefois des plombes pour arriver à rien, ou à quelque chose que l’on voyait venir depuis déjà des lustres. C’est dommage cette tendance à se répandre de façon inutile, et le film aurait tout à fait pu tenir en 2 heures sans être pour autant moins savoureux ou moins plaisant.
Si l’on passe sur cet aspect Jackie Brown reste un métrage rondement mené, avec peut-être un petit manque de grosses surprises et de suspens. Mais au casting il n’y a pas grand-chose à redire. Les acteurs sont très bons, on appréciera l’éclectisme de la distribution, et le mélange des générations. Pam Grier trouve un de ses rôles les plus marquants, tandis que Samuel L. Jackson s’amuse comme un petit fou en méchant. Les seconds rôles sont globalement très efficaces, et je relève surtout un Robert Forster tout en sobriété et une Bridget Fonda qui cabotine à fond en blonde idiote et camée.
Le scénario bénéficie d’une écriture soignée, bien que comme je le disais en amont, un peu trop consensuel et linéaire. Hormis l’excellente idée de fin, qui néanmoins ne permet pas vraiment de gagner en suspens, le film se regarde avec plaisir mais ne surprend pas beaucoup. Il y a de bonnes répliques, un humour noir sympa, et l’intrigue tient la route. Bref, c’est carré.
Pour le reste Tarantino offre un métrage bien emballé. C’est filmé avec maitrise, on retrouve bien le style du réalisateur, avec un usage surprenant des hors champs ici. Pour ma part j’ai apprécié, mais c’est surtout l’ambiance rétro, qui marque. Finalement avec des décors moyens et une photographie très soft, le film arrive à dégager une atmosphère particulière, qui devait être très bien ancré dans les années 90 à l’époque, et qui du fait de cet ancrage apparait aujourd’hui comme un de ces bons films d’atmosphère qui a bien saisi son temps. Peut-être que musicalement parlant il aurait été bien de suivre cette dynamique, mais enfin on ne va quand même pas cracher dans la soupe, là aussi c’est bien fichu.
Non, il ne faut pas se mentir, Jackie Brown est en effet un film plaisant. Les défauts de Tarantino sont présents, mais pas vraiment gênants au final, le film pouvant souffrir cette tendance à la lenteur, ce qui n’est pas le cas de tous les genres auxquels s’est attaqué le réalisateur. Pour ma part je le mets dans la partie haute de la carrière de Tarantino, avec un 4.