Je crois qu'à part Adieu Philippine je n'arrive pas à apprécier pleinement les films de Rozier et pourtant il y a tout pour que j'adore. Mais principalement, je trouve ça trop long. Ceci dit j'aime sa manière de prendre le temps, c'est tellement appréciable lorsque le film s'ouvre d'avoir une absence d'intrigue, juste des personnages qui s'engueulent pour savoir s'il faut verbaliser ou non une fille brésilienne ne parlant pas français qu'ils trouvent jolie. Les rencontres au travers de longues séquences je trouve ça réellement plaisant, ça change et on garde une certaine spontanéité dans les échanges, cependant ils ne m'ont pas autant touché que dans d'autres de ses films ou d'autres productions du genre. J'ai trouvé que là les dialogues étaient un peu vains, que les gens ne disaient jamais rien qui pourrait témoigner de la réalité de la situation que l'on voit à l'écran. Je les ai toujours trouvé en léger décalage. Alors ça passe quand même et j'ai apprécié le film malgré tout, mais je n'y ai pas cru à 100%.
L'autre problème selon moi serait le fait d'axer le film sur les incompréhension langagières, entre le plouc de l'île d'Yeu, la brésilienne et ceux qui parlent le bon français. Et autant on ne se moque pas de la "belle" brésilienne (que je trouve pas belle pour un sous, donc forcément j'ai du mal à m'identifier à tous ces mecs qui lui tournent autour), autant le plouc sur son île déjà un peu plus. Alors c'est toujours fait sans méchanceté et avec beaucoup de tendresse, mais ça reste de la moquerie parce qu'ils en tiennent réellement une couche et de ces incompréhension naît l'humour.
Cependant c'est tellement rare de voir un film français avec des gens qui ont un accent prononcé, on a Dumont, Guiraudie qui le font et c'est un peu tout (parfois si ça se passe à Marseille on met un accent du sud), sauf dans les docus où Depardon va donner la parole à des gens qui eux aussi parlent différemment.
J'aurais préféré la tendresse sans l'humour.
Ceci dit, j'ai beaucoup aimé la première heure du film, mais après l'arrivée sur l'île d'Yeu, que Rozier étonnamment ne filme presque pas je me suis lassé. On se retrouve avec trop de personnes, des personnages qui apparaissent, qui disparaissent et finalement j'ai l'impression qu'il se perd un peu et qu'on n'avait pas besoin de ça, qu'on aurait pu rester dans notre microcosme. Aussi vu que je ne trouve pas la brésilienne très belle et que les danses du Brésil ça m’écœure plus qu'autre chose, la fameuse scène de danse m'a plus ennuyée qu'autre chose.
Mais la fin, d'un calme assez relatif m'a plu. Et finalement c'est ça la force du cinéma de Rozier, réussir à ne pas avoir d'intrigue, à filmer simplement la France (ici la Vendée, qu'il doit bien aimer vu qu'il retourne presque à côté d'Orouët) ses habitants et ses paysages.
Donc le film n'est pas parfait, le fait de se laisser porter par ce qui se passe au tournage sans avoir un plan très établi cause forcément quelques problèmes de rythme, mais ça reste plaisant à voir et malgré le léger décalage dont je parlais qui reste gênant, ça reste plein de vie.