Tinto Brass est un cinéaste étonnant, et on a un peu de mal à le voir à la tête d'une méga production comme Caligula, car il réalise depuis des décennies des films bien à lui qui ne sont pas destinés à une très large diffusion. Alors qu'on pourrait se dire qu'il n'est qu'un réalisateur de films érotiques, force est de lui reconnaitre un certain talent, et une certaine ingéniosité. Loin d'être l'unique obsédé des formes féminies, image dont il semble jouer, c'est aussi un auteur inspiré et original. Ce sont ces qualités qui lui ont permis de mener à bien Caligula. Les moyens aidant, il s'agit d'une mise en scène colossale et démesurée à l'image de la mégalomanie de l'empereur fou de la Rome Antique. Grande musique, centaines de figurants, détail dans le traitement, richesse de plans. Et l'on peut penser que Brass n'avait pas l'habitude de tourner avec autant de budget. Ce que Brass a apporté à Caligula, c'est cette science de modeler l'image, de jouer avec les miroirs, de glisser de l'érotisme partout même quand il semble ne pas y en avoir, ce talent de voir les choses en grand. Les acteurs ( sublime McDowell), sont à fond dans leur rôle et peignent avec conviction le portrait de cette Rome décadente. A propos de la pornographie, elle est dûe au producteur du film, mais n'est pas superflue, puisqu'elle s'intègre parfaitement au contexte de l'empereur fou et dépeint les orgies sans tabou, sans étouffer le film ni effacer l'énorme travail scénaristique et le cours des évènements. Elle est là, quand il faut, ni plus ni moins, et souligne les moeurs ô combien plus élastiques des citoyens romains par rapport aux civilisations postérieures. C'est un film qui ne laisse pas indifférent, qui prétend caricaturer le portrait d'un fou mégalo au pouvoir, et qui joue le jeu à fond jusqu'au bout. Alors que peut on reprocher, sinon s'offusquer de quelques images. Le cinéma ne peut pas toujours être complaisant, surtout lorsqu'on choisi un sujet historique. Vive la non autocensure!