Ah, l'Amant... Quel film... C'est sûr, si vous êtes intéressés par de l'action, des effets spéciaux dégoulinants de bonnes intentions pour combler un vide scénaristique, de héros en collants et en cape, vous serez déçus. Ce film ne raconte rien d'autre que l'histoire d'amour quasiment impossible entre une jeune blanche et un beau, séduisant et riche asiatique dans l'Indochine coloniale des années 30. Pour déguster ce caviar comme il le mérite, il faut une dose d'esprit contemplatif, d'intérêt pour l'exploration des personnalités et de leur caractère, de connaissance de l'histoire, en particulier de ce qu'était la réalité de l'Indochine coloniale pour ces "petits blancs", comme ils étaient surnommés péjorativement par la diaspora et la nomenklatura locales, mais aussi de ces graines de révolte qu'on sentait déjà germer à l'époque, bien avant les premiers attentats anti-colons par les premiers indépendantistes vietnamiens. Il faut aussi aimer... que dis-je... adorer l'Asie dans tout ce qu'elle a de plus profond. Avec ces dispositions, le film se dévoile dans toute sa profondeur. Sur un plan plus formel, la maîtrise de la lumière, cette lumière d'Asie si particulière, si vibrante, si concrète qu'elle en est presque vivante, est éblouissante. Les angles, le travail sur les jeux d'ombre et de lumière, les costumes, l'ambiance recréée pour l'occasion sont autant de plaisirs visuels. Vraiment à déguster sans hâter les choses.