Dans cette adaptation très soignée du roman de Marguerite Duras, le réalisateur Jean-Jacques Annaud a très bien réussi à capter la sensualité et la sexualité, ainsi que la passion amoureuse, en nous livrant un drame romantique poignant empli d'une sensualité et d'un érotisme qui se fondent à merveille dans la moiteur de Saïgon. L’histoire nous plonge en plein cœur de l’Indochine des années 1920, lorsqu’une adolescente et un Chinois d’une trentaine d’années tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Ce film est leur histoire, une histoire d’amour passionnelle, fusionnelle, charnelle, émouvante et déchirante. Une rencontre qui ne laisse personne indifférent, surtout pour l’époque. Jean-Jacques Annaud réalise ici avec grâce ce drame passionnant, au cœur des sublimes paysages d’Indochine. C'est une fresque sensuelle et envoûtante, remarquablement interprétée par Jane March et Tony Leung Ka Fai. Ils nous transportent littéralement au gré de cette ambiance coloniale si particulière. C'est un film sublime et touchant, appuyant totalement l'ambiance du récit par des images d'une beauté absolue, une photographie et des lumières léchées et travaillées au détail, une reconstitution d'époque éblouissante où décors, costumes et prises de vues nous emportent, nous font voyager dans la chaude moiteur asiatique. Ce film n'est pas seulement le récit d'une romance ou d'un coup de foudre, car il met en scène la passion, le désir, l'éveil sentimental et sexuel d'une jeune fille de 15 ans. Le résumé de l'intrigue est simple : l'héroïne est une jeune fille française de 15 ans qui vit avec sa famille en Indochine, dans les années 1920. Elle rencontre un homme plus âgé qu'elle (il a 36 ans), Chinois, riche, séduisant. Le film nous raconte les méandres de leur histoire passionnée, entre indifférence, mépris, séduction et passion. Le casting du film est idéal pour l'histoire, entre la troublante féminité naissante de Jane March dans le rôle-titre et la séduction raffinée de Tony Leung Ka Fai dans le rôle de son amant mystérieux. Certaines scènes sont vraiment très réussies, comme la scène de la première rencontre entre les deux amants, les scènes dans la voiture de l'amant, les scènes de restaurant (plus posées et plus calmes), les passages avec la famille de l’héroïne, assez dérangeants, ou encore les scènes de sexe en général. La musique du film a été primée lors de la cérémonie des Césars puisqu'elle a reçu le César de la meilleure musique écrite pour un film en 1993 ainsi que les Victoires de la Musique du meilleur album de musique originale de cinéma également en 1993. Le film a aussi reçu l'Oscar de la meilleure photographie en 1993. Si l'histoire est bien tournée et agréable à regarder, on peut déplorer cependant des longueurs dans ce film, bien qu'il soit d'une durée raisonnable. C'est un peu dommage car les scènes d'amour sont pourtant bien filmées, mais il semble que Jean-Jacques Annaud n'a pas su conserver le rythme et le dynamisme de son histoire tout au long du film. On peut également noter que Marguerite Duras qui a écrit le roman inspirant l'action du film n'a pas du tout apprécié le parti pris de réalisation de Jean Jacques Annaud et a cessé toute collaboration avec lui sur ce projet. Jean-Jacques Annaud a cependant restitué en effet parfaitement la moiteur torride de Saïgon, la beauté des paysages, l'embouchure du Mékong, avec une atmosphère unique fidèle au roman; la voix-off de Jeanne Moreau y étant sans doute pour beaucoup. L'érotisme diffus côtoie le trivial et on passe sans peine de l'un à l'autre, Tony Leung Ka Fai est d'une beauté à couper le souffle, sans cesse dans une émotion contenue mais bien réelle, et Jane March dégage une fragilité et une maturité impressionnante. Bref, "L'amant" est un beau film qui évoque la naissance troublante du désir et de la sensualité chez une jeune fille de 15 ans, avec une musique formidable, mais des longueurs qui font que ce film n'est pas non plus excellent, mais il reste un très bon film ainsi qu'un très bon drame romantique et érotique, ainsi qu'une bonne adaptation du roman éponyme "L'amant" de Marguerite Duras, un de mes classiques de la littérature française préférés, et enfin l'un des meilleurs films dramatiques français de ces 30 dernières années