GÉNÉRAL :
C’est l’aventure de quatre chums qui vont descendre une rivière en canot dans un milieu qui leur est hostile. Un film où l’image du gars macho en prend une débarque.
NOTES POSITIVES :
Voir l’image du macho Lewis (interprété par Burt Reynolds) qui s’éteint tout au long du film en même temps que le caractère fort d’Ed (interprété par Jon Voight) qui s’installe et doit faire face aux problématiques pour régler les situations.
NOTES NÉGATIVES :
Scènes un peu longues de canot.
PISTES DE RÉFLEXION :
La scène de musique au début. Cette scène montre dès les premiers moments du film la force de la musique. Cette force qui nous rassemble, peu importe nos origines. Cette force qui produit du beau. Nous voyons la relation professeur-élève entre les deux guitaristes. Tout est laid dans ce village qui fait penser à la Crète dans Zorba le grec. Les villageois en particulier sont frappés et maganés par la vie. On a l’image typique de la femme qui reste dans la maison et qui regarde par la fenêtre, car tous ceux qui sont dehors sont des hommes. Dans une autre maison, la mère et son enfant sont terriblement affligés par la maladie. Même le petit garçon, qui devrait représenter l’enfance dans sa pureté, est déjà laid. Du côté des protagonistes, nous remarquons déjà une nette différence de niveau entre Ed et le professeur par rapport à Lewis et le « chubby ». En effet, ces deux derniers débarquent dans le village avec une attitude de supériorité arrogante. Par exemple, lorsque Lewis fait faire le plein d’essence et lorsqu’il négocie pour ramener les autos pour 30$. Ou lorsque le chubby dit à Ed comment c’est arriéré comme place lorsque les deux musiciens jouent, mais qu’un villageois arrive et lui dit qu’au moins, ils savent jouer du banjo. Déjà dans les quelques premières minutes du film, on voit qu’Ed et le professeur entrent en harmonie avec la population locale grâce à la musique qui rassemble et qui montre qu’elle peut enlever les frontières. Quand Lewis fait le plein en faisant son macho, le pompiste n’est pas du tout impressionné par lui. Au contraire, il n’essaie que d’éviter sa grosse stature en se penchant pour voir la magie qui s’installe entre les deux musiciens. Ensuite, le pompiste ira danser, le petit garçon sourira pour la seule fois du film, bref tout le monde se rendra compte de ce moment qui se démarque, excepté Lewis et le « chubby » qui ne voient même pas la beauté de ce moment, car ils sont trop préoccupés par leur image et leur mépris. Cette scène est formidable pour la musique et a marqué un point dans l’histoire du cinéma.
La scène du meurtre du montagnard. C’est une des scènes qui montre la progression d’Ed qui doit prendre la décision sur ce qu’ils font du corps du violeur des bois. C’est aussi une scène où c’est Lewis qui est le premier à bien comprendre la situation et ses enjeux. Les autres ne le comprennent pas et Ed finit par le comprendre. En effet, ils sont dans un milieu qui leur est hostile. Ils ne sont pas dans leur élément. Le gars est un montagnard vicieux et pourri. C’est une petite communauté serrée et Lewis a raison lorsqu’il dit qu’ils seront dans une situation inextriquable lorsqu’ils reviendront pour le procès, car le montagnard risque d’avoir de la famille dans la police, le jury, etc. et qu’ils feront face à des inconnus hostiles. Aussi, la réputation du « chubby » sera compromise en ramenant le corps. En évitant de ramener le corps, ils préservent la réputation du « chubby ». Aussi, le « chubby » et Ed seraient morts si Lewis n’avait pas tué le montagnard. Et ils risquent fort bien d’être incriminés s’ils ramènent le corps, car personne ne croira à cette histoire en plus de faire face à des gens hostiles. Le professeur pris dans ses théories ne voit pas clair dans la pratique des faits, mais Ed, à qui la décision revient finalement, finit par comprendre les enjeux de la situation et par prendre la bonne décision.
Se garder une porte de sortie. Similairement au film noir, ce film montre l’histoire d’hommes qui se mettent dans la une situation inextriquable et qui font face à une problématique qui ne fait que boule de neige plus le film avance. Et c’est souvent comme ça dans la vie. En effet, on a été niaiseux et on n’a pas assez pensé à notre affaire et on se ramasse dans une situation qui nous met au pied du mur. On n’a pas trop de portes de sortie et on fait du mieux qu’on peut pour se débrouiller et s’en sortir, mais l’erreur est déjà accomplie et plus ça va et plus c’est difficile de se sortir de l’embarras. Comment donc s’en sortir? En se gardant toujours des sorties de secours. Ici, Ed a décelé cette sortie et c’était de tout éliminer, ce qu’il réussira à faire.
2e partie du film un peu flou. Le réalisateur a sûrement voulu nous montrer qu’en situation de crise et de survie, tout devient un peu flou. On ne peut pas tout comprendre, mais on doit agir. On n’est pas si sûr que le professeur a été tiré, on n’est pas si sûr qu’Ed a tué le bon gars. Après plusieurs écoutes, on comprend plus que le professeur s’est jeté dans l’eau par lui-même, car il était dépassé par les événements. Ed aurait dû le raisonner et le calmer avant de repartir. Le professeur ne comprenait pas et surtout n’acceptait pas que des hommes puissent agir d’une façon si primitive. Aussi, on se rend compte que le montagnard qu’Ed a tué était le bon. Mais peu importe s’il n’était pas sûr de ces deux éléments, Ed a compris qu’il fallait agir et poursuivre dans le sens qu’ils avaient choisi et qu’une fois qu’ils étaient allés de l’avant, il fallait qu’ils continuent dans cette direction pour le bien du groupe. Enfin, même le retour à la civilisation n’est pas clair et c’est sûrement voulu, car on se rend compte que la police ne voulait pas de problèmes d’ici à ce que le lac couvre la rivière et que même si les histoires ne concordaient pas toutes, il les laissait partir pour ne pas avoir de problèmes.
Ed vs Lewis. D’un côté, Lewis (Reynolds est excellent parce qu’il est plausible lorsqu’il joue) est un type sympa, mais on se rend compte qu’il est un être plus limité qu’Ed, qui lui, remet les choses plus en question. Dans l’armée, Lewis serait un excellent sergent et Ed un meilleur commandant, car dans l’armée, comme dans la vie, on n’a pas juste besoin de bons exécutants, mais aussi de preneur de décisions plus complexes, d’hommes qui pensent plus loin que la simple et dure survie. Le professeur est théorique et responsable, Lewis est mâle, pratique et pas très responsable et Ed semble représenter l’équilibre entre les deux pour bien fonctionner. Lewis est plus aimé parce que beaucoup de monde voudrait être comme lui. Il est simple à comprendre. Je suis critique à son égard. L’excuse qui se casse la jambe est une belle occasion pour Ed de prendre les choses en main, car avec Lewis, ils se seraient peut-être tous ramassés dans le fond de la rivière ou d’autres problèmes seraient arrivés parce qu’il prend trop de chances et que son sens des responsabilités n’est pas très développé.
Milieu hostile. On comprend pourquoi l’homme crée les villes. C’est un milieu social où nous avons plus de contrôle et où nous sommes plus en sécurité. En société, nous coopérons pour mieux survivre et mieux vivre. Nous pouvons ainsi passer à un autre niveau supérieur que celui de la survie.