John Boorman nous plonge dans des aventures nous réservant bien des surprises, basées sur le roman éponyme de James Dickey qui en profite pour être scénariste.
Synopsis : quatre randonneurs partent au fin fond des Etats-Unis pour descendre une rivière en canoë. Mais rien ne se passe comme prévu.
Dans ce scénario fichtrement bien foutu, on arrive à reconnaître les consonnances écologiques pures et dures avec, en toile de fond, une symbolique parfaite des éléments, à savoir la peur de l'eau, l'appel de la forêt et l'instinct de survie notamment.
Au travers des personnages super bien travaillés et excellement campés, on sent naître la symbiose parfaite de ces quatre copains partis faire une virée. Ici, on ne palpe pas, on arrive à dresser le portrait type d'une Amérique désabusée qui, à l'instar de ces héros, se portent garant d'une société en plein essor. Nos quatre compatriotes imprègnent ce film d'une ambiance étourdissante blasphèmatoire subtile et sublime. Jon Voight (déjà vu dans l'anthologique "Macadam cow boy"), Ronny Cox (il devra beaucoup à Verhoeven par la suite : "Robocop", "Total recall"), Burt Reynolds (révélé lui aussi ici, on le retrouve ensuite à l'affiche de "Plein la gueule" d'Aldrich et de "Striptease" d'Andrew Bergman) et Ned Beatty (vu par la suite dans "Superman", "Les hommes du président", ...) irradient (le terme est faible !) l'écran à souhait. Chapeau bas, chapeau haut, et plus de chapeau !!!
A celà, ajoutons une musique pas désagréable du tout et plutôt revigorante (le morceau de guitare avec le gamin est sans doute le moment le plus intense), une réalisation baroque et assez violente sur les bords, un montage frénétique alliant suspense et évolution crescendo de la psychologie des personnages, et l'on obtient un film culte du septième art.
Pourquoi 2 étoiles ? L'enfer est non seulement vu sommairement mais il aurait pu aussi être montré dans toute sa splendeur dans une fin qui, je trouve, se termine légèrement en queue de poisson. Sinon, l'intensité en vigueur est bien présente. "Délivrance" a sans doute marqué les esprits (je ne remets pas en cause ses 2 nominations) mais n'est plus aussi consistant que "L'exorciste" je trouve. Spectacle racé (et peut être un peu trop court ?) mais qui a tendance à s'effriter. Il n'en reste pas moins un film à voir pour l'ingénieux Boorman.
Âmes sensibles, s'abstenir.