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soulman
92 abonnés
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2,5
Publiée le 29 mai 2016
Où le cinéma-vérité est habilement démonté par Imamura, que l'on découvre ici jouant son propre rôle. Exercice de style intéressant, ce film finit néanmoins par lasser, étirant sans raison certaines séquences (la mise en accusation de la soeur de la fiancée du disparu). Cette oeuvre mineure annonce cependant un des plus beaux films du cinéaste à venir : le génial "La vengeance est à moi".
Le film débute comme une histoire à la Simenon : un homme ordinaire en dérive disparaît et devient une sorte de trou noir révélateur de la société japonaise. La forme est d’abord celle d’un faux reportage qui évolue progressivement vers une totale mise en abîme narrative et représentative, typique du cinéma « Nouvelle vague » à la japonaise. Imamura met souvent sa radicalité dans une représentation très brutale, très matérialiste de la société et des pulsions individuelles, ici il l’a met dans la forme. C’est passionnant parce que subtilement mené, même si c’est peut-être un peu long et un peu démonstratif au final.
Shohei Imamura part de son étonnement du nombre de disparations dans un pays comme le Japon et prend comme sujet de son étude le cas de l'évanouissement d'un homme de 30 ans. Avec sa caméra et son micro, il part à la rencontre des personnes qui l'ont connu, fréquenté, sa famille, ses collègues, etc. Déjà, le "documentaire" est vicié dès le début avec un naturel tranquille : désynchronisation de l'image et du son, angles de vue, musique dissonante, montage, filmage. Et il tiendra longtemps le cours de son enquête sociologique, jusqu'au moment où il fera vraiment éclater tout ça pour jeter une lumière crue sur sa reconstitution de toute pièce. Où Oshima finira même par s'évaporer du film. Focalisation sur la sœur ainée... la Geisha... Détournement médiumnique du spectateur. Admirable réflexion sur le faux, la vérité, dans la vie comme au cinéma. Sensation troublante qu'on ne saura jamais qui ment dans cette histoire, que le réel vient tout à coup contaminer, prendre le dessus en direct sur la fiction, jeter littéralement à la rue... Effraction audacieuse et moderne, admirable, à l'heure des Nouvelles Vagues