Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
il_Ricordo
104 abonnés
407 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 24 décembre 2011
Miracle à Milan est un conte manichéen, charmant quoique naïf, dans la verve du néoréalisme dont Vittorio De Sica est l'un des plus illustres représentants. Totò est un enfant trouvé, recueilli par une brave vieille dame qui ne tardera pas à mourir, mais veillera toujours sur lui comme ange gardien. Totò est un idiot, dans le sens dostoïevskien du terme : profondément bon, il ne cherche qu'à être aimable et rendre service aux autres. C'est ainsi que s'organise autour de lui une communauté de pauvres dans les bidonvilles de Milan. Bientôt menacés d'explusion, c'est le fruit de tant d'efforts qui est sur le point de s'effondrer. Refusant cette issue dramatique, ils vont réunir leurs forces et tenter de repousser les rméchants riches. Miracle à Milan est la deuxième des trois colaborations du scénariste Cesare Zavattini avec Vittorio De Sica, après Le Voleur de bicyclette et avant Umberto D. Mêlant réalisme et merveilleux, ce conte enfantin est véritablement enchanteur.
Miracle à Milan est de prime abord une fable naïve et poétique sur un ingénu qui a le pouvoir de répandre le bonheur autour de lui. Toutefois, si on fait abstraction des éléments fantastiques ou merveilleux, il s'agit en fait d'un film de réalisme social: Toto est orphelin, il cherche du travail mais n'en trouve pas, il devient sans abri... Le recours au conte de fée est donc une trouvaille rusée pour que le spectateur puisse digérer un film au second degré d'une incommensurable noirceur. Tout est métaphore, souvent épaisse: ainsi, un homme qui porte des ballons de baudruche commence-t-il à s'envoler, retenu par ses congénères, on lui donne à manger. La masse ingurgitée lui permet de transporter ses ballons en restant les deux pieds au sol. Au premier degré, c'est un sketch de clown; au second, on nous montre que cet homme meurt de faim. Ainsi, un des fils d'Ariane de Miracle à Milan est-il un volet documentaire sur la misère en Italie, mais le film est aussi et surtout un conte philosophique. En effet, divers thèmes ontologiques sont abordés, telles les relations dominant/dominé, l'aliénation par la propriété, la contamination morale par la société etc... Le seul reproche qu'on puisse faire au film est que la surenchère comique frôle parfois, sans l'atteindre, le ridicule, et que ainsi l'effet de légèreté se fait lourdeur. Malgré cet écueil, Miracle à Milan est un film aux divers degrés de lecture comme toutes les grandes œuvres; il saura divertir ou être objet d'analyse et de réflexion philosophique, à un niveau d'une rare richesse par rapport au reste des œuvres cinématographiques.
Comme nul autre réalisateur de l'histoire du cinéma, Vittorio De Sica sait instiller à ses images le bonheur simple de la vie des gens déshérités. C'est encore le cas ici avec ce splendide "Miracle à Milan", magnifié par l'interprétation au-dessus de la moyenne de Francesco Gilosano. Au final, le réalisateur du "Voleur de bicyclette" signe là une œuvre universelle, fable des temps modernes, naïve mais sincère, qui met en lumière la cruauté et le cynisme des puissants.
Film mythique du néo-réalisme italien et de l’histoire du cinéma tout court, Miracle à Milan est une satire sociale en forme de fable. On y voit un jeune homme, aussi généreux que naïf, se dévouer à une communauté de déshérités pour qui il devient peu à peu l’ange gardien et le sauveur (avec l’aide de sa mère adoptive qui vient le secourir du haut du Paradis…) Au-delà de l’aspect merveilleux de cette histoire, il convient de se demander ce qu’a voulu dire Vittorio de Sica. La séquence finale semble démontrer que la seule aide à espérer lorsqu’on est dans la misère est celle du surnaturel… C’est donc un film beaucoup plus noir que ses apparences ne le laisseraient supposer, qui vient, juste après Le Voleur de bicyclette et juste avant Umberto D, délivrer un message sans espoir envers la classe prolétarienne. Au niveau du cinéma, ce film reste pour moi cependant assez loin du Voleur de bicyclette de par une construction nettement plus relâchée et aussi à cause de la composition de l’acteur principal (qui n’a presque rien joué en dehors de ce film et qui est mort en 1958), Francesco Golisano, qui, je l’avoue, m’est insupportable tellement il dégouline de sirop… C’est néanmoins une œuvre très honorable et qui apporta sa pierre à l’édifice du néo-réalisme.
13 735 abonnés
12 426 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 30 octobre 2009
Vittorio De Sica tourne en 1950 ce qu'il appelait lui-même une fable, "Miracle à Milan", qui èvoque avec humour la misère dans les faubourgs de la grande ville où l'on voit Toto le Bond (inoubliable Francesco Gilosano), èlevè par une vieille dame, conduire la rèvolte des chômeurs de Milan avec l'aide des anges du ciel! De Sica cherche dans ce film superbe à articuler le rèalisme et le fantastique, inaugurant ainsi une ècriture chère à Pasolini! Peintre de la solidaritè humaine, de la lutte contre l'ègoïsme et l'indiffèrence, De Sica ne devait jamais dèmentir sa première orientation, même s'il n'a pas toujours retrouvè la rèussite exemplaire qui fut la sienne, dans les premières annèes du nèo-rèalisme! Une poèsie merveilleuse plane dans cette espèce de cours des miracles, qui montre que le rèalisateur italien pouvait passer au surrèalisme comme il le souhaitait! Une totale rèussite qui reçut la prestigieuse Palme d'or au festival de Cannes...
Un orphelin s'installe dans un bidonville dans lequel la découverte d'un gisement de pétrole va bientôt attirer bien des convoitises. Le film réserve quantité de jolies scènes, très émouvantes, sans jamais tomber dans le misérabilisme. La vie miséreuse de ces exclus est réenchantée par une joie de vivre, un optimisme très touchant. Impossible de ne pas penser aux oeuvres de Capra. Le surnaturel vient dans la seconde partie bouleverser le rapport de force entre les pauvres et les forces de l'ordre. C'est me semble-t-il un constat extrêmement pessimiste de la part de Vittorio de Sica, incapable d'imaginer un heureux dénouement autrement que par l'arrivée d'anges aux pouvoirs magiques. C'est donc un film à la fois très optimiste (forcé ?) mais en même temps, si l'on s'y penche réellement, très négatif sur la vie en société, sur les rapports humains. Un beau film en tout cas, que la fin vraiment iconoclaste (grotesque ?) vient toutefois quelque peu gâcher.
De Sica, réalisateur du Voleur de bicyclette, mythique figure de proue du néo-réalisme italien, a par la suite réalisé deux autres chefs d'oeuvre du genre, l'un résolument optimiste (Miracle à Milan) et l'autre où toute trace d'espoir a disparu (Umberto D). Dans ce film, De Sica mélange sans se soucier de cohérence le drame social et le conte de fée. Comment fait-il pour que cela ne sombre jamais dans la mièvrerie? C'est un miracle justement. Jamais la misère et la détresse ne quittent les personnages, et pourtant le film est d'une incroyable légèreté. Les pauvres, solidaires, s'entredéchirent dès qu'il y a quelque chose à "prendre", que ce soit du soleil, du pétrole, ou les dons de Toto, à travers lesquels De Sica exposent de façon hilarante (le mot est faible!) l'incapacité des pauvres d'en faire bon usage, se vautrant dans le ridicule (le couple qui échange de couleur, la femme qui, habillée en reine, rentre dans son taudis...). Il y a aussi la scène où deux notables marchandent des chiffres, qui se transforment bientôt en aboiements. Ou encore la scène finale, légendaire. L'ensemble regorge d'une pureté émotionnelle étonnante, indispensable. Mythique!
Ce film contient encore les thèmes chers à De Sica, enfance difficile, pauvreté, chomage dans l'Italie d'après guerre. Seulement le ton est radicalement différent des films précédents, on trouve ici un formidable optimisme. C'est simple, on dirait un film de Frank Capra (un autre italien). La magie, le combat des personages misérables confrontés à l'injustice, la fin heureuse, etc... tout laisse croire que De Sica a été fortement influencé par son ainé. Un film agréable et facile à regarder où le réalisateur montre qu'il est aussi à l'aise avec la comédie légère que dans la tragédie.