Comme son titre l’indique ("logement social"), Public Housing (1997) nous dévoile l’envers du décor, ce qui se cache réellement derrière « l’american way of life ». Le documentariste Frederick Wiseman a posé sa caméra au cœur d’un ghetto de Chicago où vit (ou plutôt, survie) une population exclusivement composée d’afro-américains (c’est bien simple, durant les plus de trois heures que compte ce film, on ne verra qu’un seul et unique blanc, à savoir un policier).
Le documentaire a été intégralement filmé à "Ida B. Wells", un ensemble de logements sociaux grisâtre et dépourvue d’espace vert, en dehors d’une piscine (à ciel ouvert) qui trône au milieu de la cité, entre les toxicos et les alcoolos du coin. Le réalisateur dresse un portrait déchirant d’une Amérique rarement dévoilée sous cet aspect aussi peu reluisant, celle des afro-américains pauvres et confrontés aussi bien aux problèmes de drogue, d’alcool ou encore d’illettrisme. Cette population marginalisée et où la mixité sociale n’existe pas, parvient à survivre grâce à l’aide de diverses associations et surtout, à cette communauté bien décidée à ne pas se laisser mourir et déterminée à lutter contre cette exclusion et à l’inaction de l’État à laquelle elle est confrontée.
On y découvre leur quotidien, un quartier & une communauté qui se démènent pour s’en sortir, ils viennent en aide aux toxicos, aux mères de famille, aux malades, aux délinquants et même aux personnes âgées. La pauvreté est partout, même au sein des foyers où pullulent cafards & rats (comme en atteste la séquence avec les dératiseurs). La population est tellement gangrénée par la drogue que dès le plus jeune âge on leur apprend tous les méfaits de cette dernière (dès la maternelle ! !!). La pauvreté, l’illettrisme et les inégalités ne font que renforcer les violences physiques au sein des familles, raison pour laquelle le sujet est abordé en cours auprès des collégiens.
Wiseman lève le voile sur tout un pan d’une Amérique de laissé-pour-compte, comme à son habitude, il filme ça avec brio et beaucoup de retenu. Sans pathos ni fioriture, une immersion sidérante dans un quartier en proie au chômage et à l’extrême pauvreté, laissant apparaître de temps à autres, des moments forts et poignant comme ce flic qui discute avec un gars bien décidé à passer la nuit devant le commissariat (pour rester en vie), ce dernier ayant fui ses assaillants (qui lui réclamaient de payer sa dette). Le policier est à son écoute à défaut de pouvoir réellement lui venir en aide. C’est ça qui est très fort avec ce documentaire, c’est de constater que malgré la misère ambiante, il y règne bien souvent des moments d’humanité et de compassion vraiment touchants.
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