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In Ciné Veritas
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3,0
Publiée le 20 février 2017
Dans Fantômes de Tanger, Edgardo Cozarinsky propose un double récit. D’abord celui du Tanger d’avant l’indépendance du Maroc quand « Tanger rimait avec danger ». La « colonie pénitentiaire à ciel ouvert » et son quartier du Petit Socco, parc à tous les petits trafics imaginables, étaient contradictoirement un lieu d’évasion pour des parias venus de l’étranger à la recherche d’une nouvelle identité. En voix off posée et littérature, le cinéaste évoque William Burroughs, Jean Genet, Jane et Paul Bowles (qui apparaît à l’écran) parmi les figures littéraires marquantes du Tanger de Mohamed V, cité internationale. Dans sa partie contemporaine, Fantômes de Tanger relève aussi du drame. Nous y suivons de façon sporadique un jeune personnage cherchant à faire le chemin inverse de ses prédécesseurs à savoir atteindre les côtes espagnoles. Entre documentaire et fiction, Edgardo Cozarinsky met donc en parallèle les clandestins d’hier venus du nord et les clandestins d’aujourd’hui venant du sud. Leur point commun réside dans la fuite d’un quotidien devenu impossible avec l’espoir de le troquer pour un simple ordinaire supportable. Ces clandestins conjugués au passé et ces clandestins conjugués au présent sont les Fantômes de Tanger.