Souvent considéré comme l’un des plus grands films du cinéma mondial et un des plus influents, Le Parrain est listé à la deuxième place des meilleurs films du cinéma américain par l’AFI (American Film Institute). En plein hiver 1972, sa sortie est un énorme succès commercial et bat de nombreux records pour devenir le film le plus rentable de l’année. Retour sur le film de gangsters le plus célèbre du septième art qui fêtera ses 40 ans dans quelques mois.
C’est un 20/20. Peu importe que vous soyez fan de comédies musicales, de documentaires ethnologiques ou encore de western-spaghetti, vous vous devez de regarder Le Parrain. Si ça ne tenait qu’à moi, je l’ajouterai même à vos devoirs de citoyen. Focus sur le film aux trois Oscars et aux sept nominations.
Adapté du roman best-seller de Mario Puzo paru en 1970, Le Parrain se place dans les années 40 et retrace l’histoire de Michael Corleone (Al Pacino), perçu comme ne pouvant prétendre à la succession d'une famille mafieuse impitoyable, la famille Corleone, dominé par son père, le patriarche Vito Corleone (Marlon Brando), qu’on nomme aussi Le Parrain.
Il faut savoir que si l’œuvre de Francis Ford Coppola a tant marqué les esprits parmi toutes ses prouesses, c’est tout d’abord par son scénario démentiel, sa mise en scène incroyable et la profondeur de ses personnages.
Cela s’aperçoit dès les premières secondes du film avec une des scènes mythiques du film. Nous avons un long plan-séquence qui part du visage de l’interlocuteur pour très lentement révéler le parrain. Dès lors, tout est mis en place. Nous n’avons même pas vu cinq minutes du film que nous sommes abasourdis par le statut, l’influence, le respect et la puissance que dégage le personnage de Vito Corleone. A noter que dès les premiers instants le réalisateur donne une vision de la mafia italienne : « Après tout, nous ne sommes pas des tueurs, malgré ce que ce croque-mort s’imagine », comme le dit lui-même le parrain.
Les scènes sont également d’une intensité rare. Tour à tour intimistes, poignantes et très violentes, elles nous montrent les coulisses du pouvoir et la tragédie des décisions autour d’une mise en scène basée sur des silences et des jeux de regards qui atteignent une intensité rare.
Le réalisateur et l’écrivain ont d’ailleurs remporté l’Oscar du meilleur scénario adapté pour leur travail exceptionnel.
Ainsi, nous assistons tout au long du film, aux travers d’énormément de retournements de situation au sein de l’univers mafieux, à la transformation de Vito Corleone parallèlement à l’évolution de son fils Michael Corleone, qui selon les dires de son père au début du film « ne touchera jamais aux affaires de la famille ». Et bien évidemment vous vous apercevrez que ce n’est pas le cas. Des éléments que je ne développerai pas plus sous peine de vous spoiler. Et un chef-d’œuvre comme Le Parrain ne se spoile pas les amis.
Du côté des comédiens, c’est tout simplement la crème de la crème. A commencer par le charme fou de Simonetta Stefanelli qui incarne Apollonia, première épouse de Michael, et dépeint tout le charme et la douceur des jeunes filles siciliennes. Robert Duvall et James Caan, interprètes de Tom Hagen et de Sonny, livrent également de grosses prestations et sont tous deux nominés pour l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle l’année de sortie du film. Pour Al Pacino, c’est la consécration. Acteur de théâtre jusqu’alors inconnu, ce film le dévoile au monde entier. A travers un rôle calme et très intense, nous contemplons la naissance d’un personnage et d’un acteur de renom en sa personne. Il est également nominé pour l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Il serait improbable de ne pas évoquer le protagoniste, reconnaissable entre mille grâce à ses airs de bulldog et sa voix mythique, à savoir Marlon Brando. Il remporte l’Oscar du meilleur acteur mais le refuse pour sensibiliser l’opinion publique au traitement des Indiens dans l’industrie cinématographique et envoie une jeune amérindienne se présenter à la cérémonie à sa place.
Le Parrain marque aussi les esprits par ses conversations et répliques cultes. Parmi elles la célèbre « Laisse le flingue. Prends les cannellonis. », qui était d’ailleurs une réplique improvisée, ou encore « je vais lui faire une offre qu’il ne pourra pas refuser ». Une quantité assez incroyable de dialogues qui, placés dans leurs contextes respectifs, contribuent largement à rendre le film inoubliable.
Concernant l’image, elle est tout simplement fabuleuse avec ses couleurs rayonnantes et ses dorures qui rappellent tout d’un Polaroid. On relèvera également le montage de qualité du film, nous offrant des séquences incroyables comme celle du baptême et de multiples assassinats en montage alterné. Les deux monteurs du film sont également nominés pour l’Oscar du meilleur monteur.
Les décors n’en sont pas moins impressionnants. Le film est truffé de plans somptueux. Ajoutez à ça un nombre incalculable de véhicules de luxe, tous plus luisants les uns que les autres, datant pour la plupart des années 40 et 50. Mais aussi un dépaysement total et une profonde immersion en Sicile avec la découverte de ses mœurs tels que le mariage traditionnel à l’italienne.
L’habillement du film n’est pas négligé non plus, c’est même le contraire. Anna Hill Johnston, costumière du film, sera elle aussi nominée pour l’Oscar du meilleur costume.
D’autre part, Le Parrain ne serait pas Le Parrain sans la bande-son originale magique voire épique de Nino Rota. De New-York jusqu’en Sicile en passant par les fins fonds de Las Vegas, le compositeur italien nous imprègne avec élégance de tous les lieux environnants. Bon nombre de ses compositions seront repris, tels que The Godfather Waltz ou encore Love Theme.
Somme toute, voici l’admirable bilan que nous pouvons faire du chef-d’œuvre qu’est Le Parrain, décrit par Coppola lui-même comme étant l’histoire d’un roi et de ses trois fils, le plus âgé ayant reçu la passion et l'agressivité, le deuxième, sa douceur et ses gestes enfantins ; et le troisième, sa ruse et son calme. Le long-métrage remportera sans surprise l’Oscar du meilleur film en 1972, et son réalisateur sera nominé pour l’Oscar du meilleur réalisateur. Fort de son succès, Le Parrain sera suivi de deux suites, Le Parrain 2 en 1974 et Le Parrain 3 en 1990.