Quelques années avant la sortie de l'un des autres films de gangsters les plus connus du cinéma, Il était une fois en Amérique (réalisé par Segio Leone, l'un des cinq autres candidats pour la réalisation du Parrain), Francis Ford Coppola reçoit la consécration avec l'adaptation cinématographique du roman de Mario Puzo.
Considéré comme un chef d'oeuvre du cinéma et le modèle des films du genre, le Parrain inspira de nombreux réalisateurs et eut une grande influence dans les futures techniques de réalisation. Coppola, ruiné lors du lancement du projet, fut contraint de subir de fortes pressions de la part des studios Paramount, peu confiants à l'égard de celui que l'on considère aujourd'hui comme un réalisateur de génie. Presque inconnu du grand public à la sortie du film, le cinéaste reçoit un accueil élogieux pour son travail et se voit même consacrer de l'Oscar et du Golden Globes du meilleur film en 1973. Dès lors, il devient une référence cinématographique incontestable.
Bien plus qu'un film de gangsters, le Parrain est le tableau d'une réalité sociale des Etats-Unis d'après guerre : la vie d'immigrés italiens dans la plus grande ville américaine, l'importance des traditions siciliennes et la place fondamentale de la religion dans la vie de ces hommes et de ces femmes. Et c'est peut-être l'une des plus grandes forces du film. L'univers de ces Italo-Américains est richement développé et permet au spectateur de s'immerger complètement dans leur quotidien et leur culture. D'ailleurs, bien que les racines de la famille Corleone n'apparaissent que très peu au cours du film, les quelques décors siciliens, des champs arides aux falaises escarpées, sont d'une grande beauté.
Mais Coppola n'est pas le seul à être méconnu au moment de la sortie du film, Al Pacino, dans le rôle du fils de Vito Corleone, atteint également la consécration grâce à sa prestation, pour certains, convaincantes, pour moi, un peu trop juvénile et timide. D'ailleurs, il passe à côté de sa nomination pour l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 1973. Mais peut-on réellement lui en vouloir ? Pour le reste du casting, que dire de Marlon Brando... Rien, hormis son exactitude bluffante dans le rôle du Parrain. On imagine mal qu'un autre acteur ait pu faire mieux. Totalement impliqué jusqu'à utiliser certaines astuces pour approcher le mieux possible l'apparence du chef mafieux, sa prestation est parfaite, charismatique et impressionnante. L'Oscar du meilleur acteur qu'il reçoit est amplement mérité, même si ses motivations pour l'avoir refusé sont tout aussi compréhensibles.
Enfin, la bande-son est un chef d'oeuvre à part entière que tout le monde connait, sur une composition de Nino Rota, qui reçoit deux des trois récompenses de sa carrière grâce à ce travail.