"J'aurais pu avoir de la classe, j'aurais pu être un champion. J'aurais pu être quelqu'un au lieu de n'être qu'un tocard, ce que je suis, il ne faut pas se leurrer." Avec "Sur les Quais", Elia Kazan nous fait suivre Terry Malloy, un boxeur raté devenu docker et en même temps homme à tout faire dans un puissant syndicat mais il va peu à peu ressentir de la culpabilité lorsqu'il va tenir un rôle dans le meurtre d'un ancien docker et qu'il va tomber amoureux de la soeur du mort...
L'une de mes premières claques cinématographique, Elia Kazan nous livre un chef d'oeuvre où il va aborder plusieurs thèmes tels que la loyauté, la fraternité, l'hypocrisie ou encore la trahison et ce d'une très forte manière, notamment grâce à une grande richesse d'écriture. Il braque sa caméra sur Terry, dont ses sentiments sont constamment incertains, ne sachant pas forcément choisir entre les sentiments qu'il a pour son frère ou celle qu'il aime ainsi que sur son combat contre l'injustice et notamment celle des syndicats. Kazan étudie aussi le fonctionnement des syndicats ou encore le rejet dont va peu à peu faire preuve Terry. Sa mise en scène est impeccable, capable de créer une atmosphère sombre et glaçante et à donner une véritable dimension dramatique, poignante et intense à son film. D'ailleurs, il fait de cette histoire un reflet de la société Américaine de l'époque mais aussi une dimension personnelle, alors que Kazan fit ce film peu de temps après ses "égarements" de l'époque du Maccarthysme. La photographie en noir et blanc est superbe, tout comme l'utilisation qu'en fait Kazan. Si le film est autant réussi, c'est aussi grâce à ses personnages, très bien écrit notamment dans leurs évolutions et les liens qui (dé)tissent entre eux mais aussi parce qu'ils sont très bien interprété. Notamment Marlon Brando, exceptionnel et charismatique, sachant donné une vraie profondeur à son personnage et à le rendre émouvant. Il sera justement récompensé de l'oscar du meilleur acteur pour ce rôle. Eva Marie Saint, Karl Malden ou encore Lee J. Cobb sont parfait dans leurs rôles. Certaines scènes et notamment la finale sont mémorable et démontrent la très grande maitrise de son réalisateur.
Subjectivement, l'un de mes films préférés, d'une très grande richesse et intelligence d'écritures, brillamment réalisé et interprété et qui prend aux tripes... Grandiose.