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Benjamin A
711 abonnés
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4,0
Publiée le 3 novembre 2014
En 1921, D. W. Griffith retrouve à nouveau Lillian Gish (ainsi que sa sœur) pour adapter la pièce "Les Deux Orphelines" d'Adolphe Ennery et Eugène Cormon, et lui permettre de mêler fresque historique et "drame sentimentalisme". Il nous fait donc suivre le destin de deux sœurs (dont l'une adoptive) qui vont être confronté à la vie parisienne et aux aléas de la Révolution française.
Bon autant tout de suite évacué un point délicat que je n'ai pourtant pas trouvé gênant pour apprécier le récit, c'est l'idéologie de l'oeuvre et la relecture de la Révolution française selon Griffith. Ici il ne brille pas par sa subtilité comme en témoignent quelques phrases de l'introduction telle que "the new gouvernement, established by the pussy-footing Robespierre through Anarchy and Bolshevism". Il se sert clairement de la Révolution française pour exprimer la crainte de l’Amérique à savoir le bolchevisme et défendre le système de son pays. Mais c'est aussi par le portrait de certaines personnalités de l'histoire française que Griffith s'approprie la Révolution française, à savoir Danton et Robespierre où le premier est très idéalisé, tout le contraire de l'autre.
Mais si le fond de "Les deux orphelines" reste ce contexte historique, Griffith axe surtout son récit sur la relation et le destin tourmenté des deux sœurs qu'il met en scène dont l'une qui deviendra aveugle. Il les laisse sans défense, séparé et affaiblie dans un Paris sans pitié, que ce soit dans les bas-fonds ou dans les hautes sphères sociales décrites comme décadente et cruelle.
Ce qui marque, c'est la maîtrise totale du mélodrame dont fait preuve Griffith. Il fait ressortir toute l'émotion des personnages et des enjeux, les rendant tout le long passionnant tout en donnant une dimension lyrique, puissante et romanesque au film. Griffith fait preuve d'une remarquable justesse dans le traitement des sentiments et de la dramaturgie. C'est aussi par sa description de la foule et la façon dont il met en scène cette révolution et ce Paris coupé entre les riches et les pauvres qu'il brille. Les mouvements de foule sont superbement retranscrit, tout comme la façon de vivre dans les différents endroits.
Et puis que dire dans la façon dont il use des décors et costumes ! La reconstitution est superbe et parfaitement mise en valeur par sa caméra. Les notes de piano accompagnant l'oeuvre sont adéquates à l’atmosphère générale du film. Quant à Lillian Gish elle continue de me subjuguer après sa magnifique prestation dans "A Travers L'orage" (entre autres !). Ici accompagnée par sa sœur Dorothy, cette dernière brille de mille feux sous la direction de Griffith dans ce rôle d'aveugle. Les deux sœurs retranscrivent à merveille les émotions et la profondeur de leur personnage.
Bref, Griffith mêle ici son sens de la reconstitution et sa maîtrise du mélodrame pour livre un film abouti de bout en bout, touchant, magnifique et dont l'émotion ressort des personnages et enjeux. Et rien que pour ça, on peut lui pardonner sa propagande et sa réappropriation faussée de l'histoire de France.
"C’est l’amour seul qui peut sauver notre Nation malade ». C’est le précepte qui met face à face le destin de deux jeunes femmes et d’un pays en révolution. L’histoire en elle-même est belle et le traitement héroïque dans tous les sens du terme. Néanmoins je lui trouve un petit défaut: il lui manque un peu d’intimité pour que nous puissions être davantage en empathie avec ces deux filles qui se retrouvent.
Le mieux c'est de passer totalement à côté du contenu idéologique voulu par le réalisateur en faisant de la Révolution française, ou plutôt de sa Révolution française, une métaphore de la menace bolchévique permettant ainsi de mieux vanter la sacro-sainte Amérique démocratique ; et aussi fermer les yeux sur l'image ultra-fantaisiste qu'à Griffith de cette période trouble notamment à travers le portrait d'un Danton très idéalisé. En fait, le mieux c'est tout simplement d'admirer le spectacle qui mélange magistralement sans temps mort et avec lyrisme séquences intimistes et séquences de foules, prouvant encore une fois que le cinéaste était aussi à l'aise pour les unes que pour les autres. La première partie montrant une aristocratie décadente n'a rien à envier à la crudité d'un Von Stroheim ; la seconde partie qui nous plonge dans la tempête révolutionnaire donne lieu à de très nombreux moments forts dont une séquence de l'exécution, qui à l'instar de la scène du lac gelé dans "A travers l'Orage" ou d'une quasi-similaire dans "Intolérance", nous montre qu'au niveau de la maîtrise du suspense D. W. Griffith était digne de celle future d'un Hitchcock. Les deux soeurs Gish, dont la cinégénie, la beauté, le talent et l'alchimie sont un régal, trouvent des rôles magnifiques. Du beau cinéma.
Lilian Gish est sublime comme toujours dans ce film muet que je regarde avec plaisir, un film de cette époque où le cinéma était sentiments, émotions dans un regard dans un geste et dans la musique, dans la beauté des images...
D.W.Griffith réalise avec " Les Deux Orphelines " , un mélodrame historique particulièrement ambitieux et totalement abouti. L'histoire raconte la vie de deux jeunes orphelines, provenant de parents différents, qui auront une vie bien tumultueuse et triste pendant la Révolution française, à Paris. Les deux orphelines en question, sont interpretées par les soeurs Lillian et Dorothy Gish, et il faut bien avouer que les performances mémorables des deux actrices atteignent une telle perfection que l'on ne peut qu'être ému et ébloui devant ce long métrage. Car il faut bien reconnaître que la prestation de Dorothy Gish dans le rôle de la petite Louise, qui est devenu aveugle suite à une maladie, ou celle de Lillian Gish dans celle de Henriette, est en tout point remarquable en terme de justesse et de finesse de jeu et qu'elles sont remarquablement dirigés par cet immense cinéaste qu'était D.W. Griffith. Au niveau de la mise en scène, Griffith ne fait pas les choses à moitié et nous propose quelques séquences procurant son lot d'émotions ( notamment celle où Lillian Gish entend "sa soeur " chanter dans la rue ) , et le tout est accompagner de magnifique costumes, de décors en tout point remarquable et de quelques second rôles admirable. En clair, il s'agit d'une oeuvre à ne manquer sous aucun pretexte pour ceux qui veulent passer un grand , un très grand moment de cinéma.
Il est évident que c'est un film qu'il faudrait que je revoie. En effet je l'avais téléchargé sur un site donnant accès à des oeuvres libres de droit et la qualité était désastreuse, et il n'y avait pas de bande sonore. Alors oui c'est un film muet, mais une petite musique ça ne coûte pas grand chose d'en mettre une avec. Du coup ben après 30 minutes à me ruiner les yeux et passées dans le silence, j'ai commencé à m'ennuyer ferme. Pourtant le film était pas trop mal. J'aimais bien le côté reconstitution de la révolution, comme à chaque fois chez Griffith est très réussi, les deux Gish sont merveilleuses, même si ma préférence reste pour Lilian. Je pense que la qualité de la copie m'a pourri le film. En espérant qu'il passe une fois prochaine à la télé (on peut toujours rêver) que je puisse le revoir (avec du son cette fois). Ou alors simplement que j'ai fais une overdose de Griffith.
D’une telle sensibilité ce film en noir et blanc muet au sujet de deux orphelines pendant la révolution française, une réalisation américaine s’attarde sur son héritage, pour leur pays et la crainte des exécutions consécutives postérieures ultérieurement. Une vue d’opinion visionnaire en alerte des événements après octobre russe, l’américain 1917 est prévenu, cette mise en scène 1922 agitant le péril bolchevique est plus nuancée que the birth of a nation.
Une vraie polémique par reaction en chaîne, c’était sa société bienséante et pensante justicière, vengeuse et violente en 1915, un ensemble de circonstances à garder sa neutralité, le mauvais règne du dernier roi Louis de France sonne le glas. Pour ses protégés aristocrates, la fête arrosée est finie quand l’annonce de Bastille embastillé, son château lève le camp, un saccage vienne la grande terreur, là où se termine la loi commence la tyrannie, synonyme siècle de corruption, la misère sociale délaissée et anarchie.
Des figures instigatrices de l’arbitraire dans ce film analyste moralisateur, la guillotine comme arme politique, le changement de régime et de gouvernement s’opère, l’inversement des rôles, royalistes et révolutionnaires, vers la transition républicaine. Des personnages importants ayant participé à la contribution indépendantiste émancipation révolutionnaire des treize ex-colonies devenus États-Unis puis la France à son tour, retour aux sources pour ces natifs, on pense à la galerie tenant son nom et ses rues franco-américaines.
Parlant des qualités orateurs populaires comparatifs, trouvant les bons mots de justesse ce qui doit être sauvé, seul l’amour fraternel sœur pénible connue tant de périple, nous sauvera tous dans ce chef-d’œuvre, cruel et sentimental, c’est superbe.
Dans le gigantesque feu d'artifice que constitue la carrière de David W. Griffith, "Les deux orphelines", dernier grand film du maître, en constitue incontestablement le bouquet final. Ayant tout inventé dans l'art de raconter des histoires... à l'écran, théoricien initial de la grammaire cinématographique, il parvient avec cet ultime coup d'éclat à faire la synthèse entre ses deux thématiques de prédilection que sont la reconstitution historique à portée universelle ("Naissance d'une nation", "Intolerance) et le romanesque victorien à base de destins tourmentés ("Le lys brisé", "A travers l'orage"). Ce faisant, il offre non seulement à la postérité un film synthèse qui vient éclairer l'oeuvre du cinéaste dans son ensemble, mais également une oeuvre matricielle, un maître étalon qui servira de canevas à la conception des plus grands succés commerciaux de l'âge d'or hollywoodien. Oeuvre tourbillonnante au rythme trépidant, on vibre, on tremble, on pleure, il nous arrive même de rire... Telle est la formule magique inventée et mise en pratique par le maître qui permet au cinéma américain de demeurer encore à ce jour l'usine à rêves, c'est à dire le receptacle des phantasmes les plus universels. Griffitrh s'est donc imposé comme le maître d'un classicisme qu'il avait lui-même théorisé, sa carrière peut dés lors amorcer un lent déclin, une relève aux dents longues, enthousiaste et passionnée, est prête à prendre le relais...
En 1922, quand il réalise Les deux orphelines, David W. Griffith est au sommet de son oeuvre. D'un point de vue technique notamment : sa maîtrise de la caméra est impeccable, le choix du cadrage toujours juste. Ainsi, son mélodrame sur fond de révolution française reste puissant et formellement parfait aux yeux du spectateur moderne. On y retrouve, comme dans Naissance d'une nation, les innocents pris dans la tourmente de la politique, des guerres et des révolutions. Les deux jeunes soeurs, venues à Paris trouver un médecin pour soigner une cécité, voient leurs vies brisées par les injustices du règne aristocratique, puis par la tempête révolutionnaire de Robespierre. Sur 2h30, le père mythique du langage cinématographique nous épate, en reservant toujours une scène bouleversante ou bien d'impressionnantes séquences d'action au détour d'une apparente baisse de rythme. Comme dans A travers l'orage, l'usage du gros plan et du travelling se fait très subtil, au service de l'émotion. Les Deux Orphelines constitue donc, de paire justement avec A travers l'orage, l'une des plus belles oeuvres de Griffith, un mélodrame haletant, humain et cette fois sans faute de goût idéologique. En quelque sorte une réécriture plus maligne de Naissance d'une nation. L'association du réalisateur avec Lilian Gish y fait toujours des merveilles.
L'histoire de deux soeurs entreprenant un voyage à Paris pour soigner la cécité de l'une des deux soeurs. Très vite séparées par le destin, elles vivront une série de péripéties (mendicité forcée pour l'une, amour avec un aristocrate et jugement populaire pour l'autre), lors des évènements de la Révolution française qui aura lieu peu après leur arrivée. L'histoire est très belle et nous vivons pleinement les évènements de la Révolution française, dans de belles scènes (courses à cheval, jugement populaire, batailles, etc). Mais on pourra aussi reprocher au réalisateur quelques inexactitudes historiques et parti-pris et préjugés vis-à-vis d'évènements et personnages qu'il n'a pas pu connaître...
Du très grand cinéma avec deux actrices magnifiques et exceptionnelles, les sœurs Gish. L'action est omniprésente, le film est sans temps mort et la petite histoire au milieu de la grande histoire est un concept intéressant et bien traité. Par contre, il ne faut pas tenir compte des références historiques du réalisateur; celui-ci mêle aisément la Révolution française avec la Révolution d'Octobre (celle-ci ayant eu lieu relativement peu de temps avant la réalisation du film, laissant une empreinte sans doute profonde dans les mentalités américaines de l'époque) mais parler à maintes reprises de bolchéviques en évoquant nos personnages illustres de la Révolution peut prêter à sourire. Ce film est donc très plaisant, bien filmé aussi bien dans les scènes de foule que dans les séquences plus intimistes, les gros plans, notamment des visages sont souvent saisissant, une certaine émotion transparaît, mais il ne faut pas tenir toujours compte du cadre historique du scénario.
Griffith tord la vérité historique, simplifie à outrance le personnage de Danton, et reste fidèle à sa vision renvoyant dos-à-dos l’Ancien régime et la Terreur. Malgré ces défauts, son film est d’une intensité formidable et certaines scènes sont proprement inoubliables, notamment le final avec le montage alterné entre l’échafaud et la chevauché de Danton. Griffith avait enfin la capacité à choisir des trognes.