Par où, comment et pourquoi faut il critiquer un film pareil ? Car oui, "Jack" a un niveau dans le genre de la comédie, et pas n'importe lequel ! Un niveau intellectuel à part : celui de la comédie et de la réflexion. Voilà ! Le terme est lancé. Il s'agit d'une comédie réfléchie.
Ensuite, si j'annonce la couleur du réalisateur, certains crieront au chef d’œuvre. Pourtant, ici, ce n'est pas le style du metteur en scène des "Gens de la pluie" ou de "Conversation secrète". Zut !, j'ai vendu la mèche. Et pourtant, je ne pouvais pas faire autrement... . Vous l'aurez compris, c'est Francis Ford Coppola derrière la caméra. Et ici, aucune figure de style, pas de paranoïa, pas de mafia, pas de vampire. Juste des enfants. Le thème est lancé !
Histoire : un homme, atteint d'une maladie rare, vieillit quatre fois plus vite que la normale. Il aimerait vivre sa vie... .
Les scénaristes James DeMonaco (également auteur du polar "Négociateur" -avec Samuel L. Jackson-, il est connu par la profession pour sa trilogie "American nightmare") et Gary Nadeau orchestrent cette farce comique sur un talent en or : la voix française du Génie de "Aladdin" de 1993, le Peter Pan de Spielberg, le tueur psychopathe pour Christopher Nolan dans "Insomnia".
Il s'agit bien sûr du détonnant Robin Williams. Scénario et dialogues taillés pour lui, Robin incarne à merveille l'adulte-enfant de dix ans. Il est Jack. Sa composition est tellement intense qu'on passe du rire aux larmes sans s’apitoyer sur son sort. Robin nous montre tout son talent à être l'enfant parfait. Il joue avec sa mère, campé par une Diane Lane (révélée par Coppola d'ailleurs : "Rusty James", "Cotton club") parfaite, -seule rescapée du film n'en déplaise à la chanteuse Jennifer Lopez qui joue l'institutrice !- comme le ferait n'importe quel autre enfant. Donc, tout d'abord, Robin Williams joue la comédie pour faire avancer le film. De par son énergie, sa force tranquille et son abattage permanent, il apporte une double épaisseur à "Jack" en nous faisant méditer sur l'existence de n'importe quel enfant sur Terre. Le droit d'aller à l'école, le droit de se faire des amis. En fait, le droit de vivre en paix ...et de mourir. Véritable force de la nature, le fer de lance Williams, l'interprète de "Good morning Vietnam" se taille le personnage de Jack, dit adieu aux scénaristes pour reprendre dans son interprétation émotionnelle la double épaisseur prévu au départ par le scénario. Robin se taille la part du lion, et c'est tant mieux, car j'ai vraiment adoré !! Sur ce sujet-là et dans cette interprétation au sommet, aucun autre acteur n'aurait pu jouer Jack. Ainsi superbement charismatique, Monsieur Robin Williams balaye tout sur son passage et le groupe d'enfants-acteurs à son côté est vraiment parfait. Mention très spéciale à Adam Zolotin dans le rôle de Louis ! Et... mais quel jeu, Robin !
Notons la présence de Michael Kamen à la musique qui nous offre un générique d'introduction plutôt sympathique mais dont la bande-son ne décolle vraiment jamais. Le compositeur de "Piège de cristal", c'est pourtant lui !!
En conclusion, "Jack" (1996), fable humaniste pour les sept à soixante dix sept ans, vaut le détour pour l'incroyable "Génie" talentueux de la comédie made in America, Monsieur Robin Williams, décédé depuis déjà trois ans.
Spectateurs tolérants, vive la liberté !