Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Fêtons le cinéma
685 abonnés
3 005 critiques
Suivre son activité
2,5
Publiée le 5 février 2024
Ce premier coup d’essai du grand cinéaste que deviendra Julien Duvivier ne saurait véritablement contenir les prémices de son œuvre à venir ni témoigner d’une quelconque virtuosité acquise ou naissante, tant Haceldama peine à mêler deux fils narratifs distincts : d’une part le drame familial, porté par de longs face-à-face entre les personnages censés incarner leur psychologie, et d’autre part le film d’action proche du western, auquel il emprunte certains codes comme le tournage en extérieur avec de nombreux panoramiques, les gros plans isolant un comédien pointant son pistolet sur une cible hors-champ, la présence des différentes classes sociales en interaction, les cavalcades et bagarres, sous la forme d’une défense des jeunes filles innocentes ou d’un règlement de comptes dans ce qui s’apparenterait à un saloon – comprenons, une auberge, la seule de la bourgade, nous précise-t-on. La brutalité d’une séquence de combat surprend d’ailleurs, moyennant une chemise arrachée, un étranglement et des coups à l’aide d’une chaise. La récurrence de symboles, notamment un pendu, qui fait signe vers Judas, et un couteau ensanglanté tenu par une main meurtrière, inscrit davantage le long métrage dans le mouvement surréaliste, quoique la platitude de mise en scène, reconnue par Duvivier lui-même, ne permette pas de construire une forme signifiante. Le choix de la Corrèze comme lieu de tournage conduit le cinéaste à se tourner du côté du sous-genre du film de montagne, essentiellement suisse et italien au moment de la réalisation, également américain – pensons à Erich von Stroheim –, bientôt allemand, avec la présence en commun de hauteurs rocheuses traversées par une cascade où s’affrontent, à terme, les protagonistes masculins. Redécouvrir Haceldama aujourd’hui, outre par souci de parfaire sa connaissance de l’œuvre de Duvivier, c’est rappeler que le « cinéma premier » français confond les genres et puise ses sources d’inspiration dans les autres cultures, que le septième art conjugue à lui seul les autres arts mais aussi les innovations et les tendances internationales.