Cette comédie s'octroie "des choses de la vie" comme l'histoire de ses trois protagonistes mâtiné d'une très belle peinture d'époque.
Claude Sautet se prend d'affection pour sa "Rosalie" et confie même le rôle à notre Romy nationale après ses "choses" et "Max et les ferrailleurs". Ici, c'est le troisième film dans lequel je vois Romy Schneider, le premier étant "La passante du sans-souci" et le deuxième "Garde à vue". Romy Schneider irradie l'écran et, avec sa vélocité naturelle, nous fait part de son invincible aura sur laquelle elle a su dominer le cinéma des années 50-60-70 et 80.
Pour les deux hommes jaloux, l'antiduo Montand-Frey est incroyable et mériterait que l'on s'y arrête deux secondes.
D'un côté, Yves (César), déjà vu dans les Costa-Gavras ("Z" et "L'aveu"), montre sa posture d'homme marié depuis longtemps et met au service d'une désinvolture acharnée (envers son rival) toute la violence qu'il a accumulée et enterrée au fond de lui. Ainsi, Claude Sautet le met en avant comme un patriarche qui a toujours raison. Son métier, d'ailleurs, le prouve : il est directeur d'une chaîne d'usines. Son interprétation, tout à fait dans les cordes, se rapproche ainsi du sentimentalisme pour Rosalie (Romy) et de la candeur pour David (Frey).
De l'autre côté, Samy (David), qui "commence" sa carrière par rapport à Yves (on l'a vu dans "La vérité" avec B.B., "Angélique et le roy", "Les mariés de l'an 2", ...), apporte l'esprit rébellion contre l'autorité (ici, contre Montand) et s'installe pour ravir la belle Rosalie à l'infame César, vieux grippe-sou et faisant partie de la haut'. Claude présente Samy Frey comme un dragueur invétéré et cela va s'avérer crucial pour qu'il gagne la partie.
Entre se présente la bellissima. Lorsque la guerre entre David et César aura cessé, une longue amitié va en découler, ce qui brisera la bellissima Rosalie. Envers et contre tout, le vent de la liberté a sonné et Romy décide de s'envoler vers de nouveaux horizons (cela fait écho au mouvement journalistique de la Nouvelle Vague je trouve) pour refaire une fabuleuse apparition au final.
Sur une interprétation solide, carrée et originale, un scénario (certes classique) mais béton s'installe pour ne jamais chavirer en cours de route. Sautet et Dabadie (scénariste vétéran ! : "Les choses de la vie", "Max et les ferrailleurs", "Le sauvage" de Rappeneau, "Nous irons tous au paradis", ...) nous font leurs numéros en emmenant valser tous les préjugés sur l'amour et les affres du mariage. En témoignent des seconds couteaux bien trouvés (Bernard Le Coq et Isabelle Huppert, qui deviendront chevronnés par la suite : "Les feux de la chandeleur" avec Annie Girardot pour l'un et "Violette Nozière" pour l'autre) ainsi qu'une narration post-finale parfaite de Michel Piccoli.
Le gérique bleu (du début et final) prouve que l'ambiance de Sautet est tout à fait particulière. Cela souligne l'importance à laquelle Claude veut qu'un film commence et se termine bien.
La musique so good de Philippe Sarde nous emmène au gré des humeurs tantôt vers Rosalie, tantôt vers César, et parfois rapproche César et David. Dans ces marivaudages de situations, Philippe fait sensation et nous transporte corps et âmes au fil des courants dans un océan de torpeur, de passionara et d'amour.
Claude, ceci est ta première réalisation que je vois et ce ne sera sans doute pas la dernière, sois en assuré.
Spectateurs, voici une comédie de moeurs dramatique pas comme les autres qui s'affranchit hautement bien des préjugés sans pour autant que Caude n'oublie de les ancrer à sa façon dans la fiction de "César et Rosalie".
Inoubliable !