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Emmanuel Cockpit
65 abonnés
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2,5
Publiée le 29 novembre 2021
La morale grinçante de Chabrol nous claque dans la figure comme toujours. Du brouillard, des pistes brouillées et des brouillons de dessin pour une œuvre où il rejoue sa recette habituelle, sans oublier de saupoudrer abondamment cynisme, hypocrisie et secrets de famille. Le réservé Jacques Gamblin nous déploie son talent avec ses touches de tendresse et de fragilité habituelles et une puissance qui nous fait plonger dans les contradictions des différentes facettes de son personnage. Valeria Bruni Tadeschi à l’inverse n’est pas convaincante du tout dans son rôle de commissaire à la voix fluette. La musique signée Matthieu Chabrol, un habitué des films de son père, nous livre ses sons pas très harmonieux qui donnent une sensation de mal-être, dans l’esprit général du film. Alors tous menteurs et tous sincères, comme dans la vraie vie ?
René, peintre qui a perdu l'inspiration, donne des leçons de dessin à une jeune enfant de 10 ans. Cette dernière est retrouvée morte assassinée juste après son départ de la demeure de René. Tout semble le désigner comme coupable. Toutefois, la présence d'un autre personnage, Desmot, médecin et érudit (voire un peu pédant) vient troubler la donne d'autant que Viviane, la femme de René, ne semble pas indifférente au charme du toubib. Un Chabrol très moyen sauvé par de très belles prises de vue sur la mer et les paysages de Bretagne. Le scénario se révèle un peu trop alambiqué. La notion du mensonge qui serait, d'une certaine manière, omniprésent dans les relations humaines est présentée avec moins de maestria que ne le fait Orson Wells dans son film documentaire de 1975 "vérité et mensonge". Chabrol n'en finit pas d'explorer les états d'âme de la bourgeoisie. Malraux relate dans ses "anti mémoires" la phrase d'un confesseur: "au fond, nous ne sommes qu'un misérable petit tas de secrets". La bourgeoisie française -surtout celle de province- a choisi la discrétion à la différence du milieu artistique parisien volontiers exhibitionniste. Mais quoi de plus normal pour un homme ou une femme de cacher une liaison afin de sauver la vie de famille? Évidemment, lorsqu'il s'agit d'un homicide ou/et d'un viol, les choses prennent un autre dimension. C'est là qu'intervient l'univers chabrolien. Dan le film en sujet, Gamblin et Bonnaire forment - au regard de la bourgeoisie- un couple atypique en ce sens que lui est un peintre mais un peintre contraint de donner des leçons de dessin pour survivre. Le jeu de nos deux artistes reste convainquant. En revanche, le film est plombé par le jeu absolument nul de Valeria Bruno-Tedeschi. Le spectateur est en droit de se demander comment on peut donner le titre d'actrice et un rôle (avec un cachet) à une telle personne: diction déplorable, voix éraillée, visage inexpressif, maintien corporel d'une adolescente empotée à qui on demande de réciter un poème en cours de littérature, regard vitreux, démarche sans grâce, j'en passe et des pires. Il fallait bien l'argent de son papa pour la voir à l'écran. Et pendant ce temps, de talentueuses actrices -comme j'en ai vues sur les planches de nos théâtres- piaffent à pôle emploi. Révoltant. Chabrol qui se pique de dénoncer les travers d'une bourgeoisie enrichie, se garde bien, à travers ses films, de dénoncer cet aspect des choses propre à son milieu. Clouzot a eu plus d'audace.
Nous ne sommes pas toujours en son cœur, et rien de très surprenant aux mensonges mis en scène quand on a vu quelques œuvres de Chabrol. Cela étant dit, le film dégage une telle attraction que l’on s’y plonge entier, observateur, voyeur même, sans peine. Est-ce ‘l’intrigue policière’ qui accroche ? Ou bien les interprètes, les dialogues, les regards, l’océan, le vent, le tout mêlé ? J’ai surtout été frappée par cette absence de clichés, et de ce fait cette pure surprise d’entendre ces répliques fraîches, neuves, parfois dotées d’une finesse et d’une intelligence qui laissent admiratif. Il me semble essentiel de saluer Jacques Gamblin, amoureux magnifique habité par son personnage, Sandrine Bonnaire, douce et aimante, et Valeria Bruni-Tedeschi qui se défend à merveille dans ce second rôle de jeune commissaire humain et doué. Plus on avance dans le film et plus on est bluffé par autant de nouveauté et de sentiments.
« Au cœur du mensonge » (1999) n’est pas un des meilleurs films policiers de Claude Chabrol. On se retrouve en Bretagne près de St Malo avec le meurtre par viol puis étranglement de la petite Eloïse âgée de 10 ans et René Sterne (Jacques Gamblin), peintre en perte de vitesse, donnant des cours de dessin à des enfants est vite accusé par la rumeur publique. Seule son épouse Viviane (Sandrine Bonnaire), infirmière que René a connue après une blessure lors d’un attentat en 1986, est certaine de son innocence… mais le couple Gamblin/Bonnaire fonctionne assez mal à l’écran avec un jeu un peu théâtral. On part donc sur une intrigue typiquement chabrolienne mais avec pour ma part, 2 écueils : le premier est la voix de la commissaire (Valeria Bruni Tedeschi) qui est bien fluette et mal audible ainsi que celle de Jacques Gamblin qui « marmonne » plus souvent qu’il ne parle ! Le second est la présence de Germain-Roland Desmot (Antoine de Caunes assez piètre acteur), journaliste parisien émargeant dans 3 journaux d’opinions différentes et « paradant » à la télévision. Ce Desmot est puant et j’avoue ne pas comprendre comment Viviane ait pu presque tomber dans ses bras… mais il sera lui aussi trouvé mort dans sa belle villa. Même si « c’est une petite ville, les gens parlent et il suffit d’écouter » comme le dit l’adjoint de la commissaire (rappelant le commissaire Bourrel), le film est très lent avec des personnages troubles (dont Bulle Ogier) qui se surajoutent avec des dialogues peu intéressants et souvent curieusement dans le bar « le Cancalais ». La solution des 2 énigmes est finalement très creuse ! Un film brumeux (comme nombre de scènes au sens propre du terme) et dont on décroche assez rapidement.
Claude Chabrol est un cinéaste que j'ai du mal à apprécier . Ceci peut s'expliquer par le fait que je n'ai pas encore vu beaucoup de ses films et aucun majeur . Existe-t-il des films majeurs chez Chabrol ? Il me semble qu'il s'agit plus d'un réalisateur de quantité que de qualité . "Au coeur du mensonge" , en tout cas , est loin de faire partie des meilleurs . Via une intrigue très hitchcockienne (thème du faux coupable très présent) , Chabrol dévellope ses thèmes récurrents du mensonge ( une attitude presque prônée par le cinéaste !) , de la critique envers la bourgeoisie (sans rien de nouveau et vraiment intéressant) . Les personnages sont peu attachants à l'expeté de celui de Jacques Gambin , dont le traitement est ici passionant . C'est la seule chose qui m'ait plue dans le film : le personnage de l'artiste , incompris par ses contemporains , effacé dans la vie mais traduisant ses sentimens par sa peinture (adaptation du "je est un autre" de Rimbaud ) . Jacques Gamblin incarne son personnage avec grand talent , tout en intériorisation . Sandrine Bonnaire est une actrice que j'apprécie beaucoup mais elle m'a ici laissé plutôt indifférent . Valéria Bruno Tadeschi , en plus de jouer maladroitement , possède une intonation épouvantable pour l'oreille . Enfin Antoines De Caunes en contre emploi est bon sans transcender . Très peu de plans intéressants , une bande son sans intérêt , une intrigue ennuyeuse et des personnages creux à l'eception d'un , ce film est très décevant
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2,5
Publiée le 21 novembre 2024
Après les grandes oeuvres que constituent "Que la bête meure" (1969), "Le Boucher" (1970) ou encore "La cèrèmonie" (1995), l'inègal et très actif Claude Chabrol signe avec "Au coeur du mensonge" (1999) l'un de ses films ambigus, tournè essentiellement à Saint-Malo! Cinquante ans d'une carrière menèe en dents de scie, avec quelques èchecs retentissants. "Au coeur du mensonge" (1999) n'a pourtant rien de dèshonorant! Une intrigue criminelle avec Sandrine Bonnaire et Jacques Gamblin en couple èquivoque! Mais aussi (et malheureusement) Antoine de Caunes, ècrivain intello cynique et mèprisant qui donne l'impression de surjouer! Le cinèaste traque chez les Sterne les forces obscures, celles qui les conduisent inèvitablement de l'autre côtè! Mais pourquoi avoir mis autant de faux-semblant dans ce policier psychologique avec une histoire qui finit par trop en faire ? Un cinèma dèlicatement suggèrè qui repose sur le mensonge est certes salutaire - à condition de viser juste et de le faire sans baisse de rythme! D'habitude, Chabrol sait ce qu'il faut faire, mais là ça ne passe qu'à moitiè! Reste l'interprètation remarquable du couple Bonnaire / Gamblin et l'atmosphère très chabrolienne d'un village breton...
Le poids du soupçon est lourd et le choix d'une petite ville de campagne n'aide pas à cerner la vérité objective.... Ce qui est décevant quand même c'est cette mise en scène un peu molle voire pataude qui aurait mérité d'être plus resserrée au bénéfice du doute. Mais la fin du film est quand même plus dense et tendue.
Un film noir assez intriguant entre faux-semblant et secrets intimes, dans lequel Chabrol nous ballade à Saint-Malo et observe le poids du soupçon dans la vie d’un couple interprété par le duo impeccable Bonnaire/Gamblin. Dommage que le scénario au final soit assez bancal.
Si "Au cœur du mensonge" n'est pas un des films les plus spectaculaires de son auteur, il n'en reste pas moins un de ses meilleurs, en tous cas pour ce qui est de la dernière période de sa carrière. En effet, le couple formé par Gamblin et Bonnaire est l'un des plus beaux de l’œuvre du cinéaste, qui, pour une fois, lui accorde une puissance émotionnelle unique. Faisant et défaisant un récit criminel qui l'intéresse finalement peu, Chabrol confronte les personnages à leur propre vérité. A ce jeu, la sincérité des Sterne finit par l'emporter sur les multiples embûches disséminées au fil du récit (soupçons de meurtre, d'adultère, mensonges divers, etc.). Qui plus est, la cinématographie d'Eduardo Serra capte avec finesse la magie des environs de Saint-Malo.
Datant déjà de 1999, "Au Coeur du Mensonge" a indéniablement pris un coup de vieux au fil du temps (la coiffure de De Caunes, le visuel global) mais néanmoins cet aspect kitsch fait aussi partie du charme de ce film policier qui s'apparente à du Hitchcock théâtral, sorte de mélange entre crimes odieux spoiler: (la petite fille, l'écrivain) , lieu isolé qui fait huis-clos et prestations d'acteurs bizarres pour le cinéma (Sandrine Bonnaire et Jacques Gamblin étonnent par leur jeu à vif, De Caunes donne le sentiment d'être comme à la télé). Sur le contenu d'ensemble, on peut pas dire que Chabrol s'attarde trop sur l'aspect investigation spoiler: (survolé dans les grandes largeurs; faut dire que Valeria Bruni Tedeschi est horripilante en commissaire, avec un ton vocal insupportable et un charisme faible) , il préfère largement l'étude de moeurs spoiler: (adultère, rapports entre voisins au sein d'une même communauté, les ragots qui détruisent des réputations) , un domaine où il excelle souvent, comme c'est encore le cas ici. Au final, au terme de près de 2 heures qui paraissent un peu longues par moments, la partie policière révèle tout son attrait à la fin, quand le dénouement, certes abrupt et bâcléspoiler: (les aveux de René) , jouit des nombreuses fausses pistes spoiler: (l'écrivain est le parfait coupable à la base (il multiplie les astuces pour séduire Viviane (robe bleue, la nuit d'amour, dénigrement de René), met en rogne René (le tableau, les 4 vérités dites bourré), passe pour un coureur de jupons) mais une victime à l'arrivée; le meurtre de la fille n'est pas lié au trio principal) et d'un côté ironique plaisantspoiler: (cette affaire a rapproché un couple en difficulté autour du mensonge alors que tout était fait auparavant pour les séparer) . Bref, on notera quelques lenteurs dans la réalisation et une Valeria Bruni Tedeschi mauvaise, mais ces défauts ne gâchent pas la construction d'une intrigue bien huilée qui prend tout son sens à la fin.
Avec Au cœur du mensonge, Chabrol m'a laissé perplexe. Le film part pourtant sur une intrigue intéressante mais fini par se perdre on ne sait trop comment. Sandrine Bonnaire et Jacques Gamblin étaient pourtant à la hauteur...
Claude Chabrol nous entraine en effet au coeur du mensonge dans ce petit polar de la province où l'aspect psychologique, tout au moins l'aspect humain, prend vite le pas sur l'intrigue policière. Le crime sordide d'une petite fille introduit le drame mais l'enquête qui s'en suit a surtout pour fonction d'en présenter les quelques protagonistes. Le principaux d'entre eux, d'autant qu'ils font d'évidents suspects, sont René, le prof de dessin boiteux de la gamine assassinée et Desmot, une vedette parisienne tout prêt de séduire l'épouse de René. Entre ce dernier, taciturne et ombrageux, et le jouranliste-écrivain, arrogant et ironique, ce n'est évidemment pas la grande estime. Et le mépris plus ou moins contenu que se vouent les deux hommes spoiler: engendrera un nouveau drame, un nouveau fait divers dans cette province bretonne d'apparence si paisible et sage. On retrouve dans ce film le goût et l'habileté de Chabrol pour les portraits de petits bourgeois, de types équivoques ou faux, baignant dans une atmosphère qui, dès lors, n'en est que plus malsaine. D'autant que le mensonge, comme on l'a dit, est le moyen courant dont use l'ensemble des protagonistes.