Un exceptionnel thriller marquant la renaissance du réalisateur Tony Scott (après le pasage à vide "Le Fan") qui nous offre surement l'un de ses meilleurs films mais qui pose également les jalons de son nouveau style de mise en scène et entamait ainsi sa révolution visuelle. Montage hyper rythmée, soin tout particulier apporté à la photo, BO fantastique et omniprésente (signée par l'excellent Harry Gregson-Williams), le Tony Scott nouveau épate par la modernité de sa réalisation, lui qui nous avait davantage habitué à une mise en scène efficace mais inféodée à son producteur fétiche, Jerry Bruckheimer. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, "Ennemi d'Etat" restera comme le film de l'émancipation pour Tony Scott. Il serait cependant injuste de le limiter à ce seul statut. Car l'autre atout de cet "Ennemi d'Etat", c'est son époustouflant casting. Autour d'un Will Smith parfait en homme traqué et d'un Gene Hackman impeccable en hacker retraité, on retrouve quelques ténors (Jon Voight, Jason Robbards, Tom Sizemore, Gabriel Byrne...) ainsi qu'une pléiade de 2nds rôles sous forme de pépinière de talents (Loren Dean, Regina King, Lisa Bonnet, Barry Pepper, Scoot Caan, Jack Black, Jamie Kennedy, Jake Busey, Jason Lee, Ian Hart, Seth Green...). Rarement une production de si grande envergure aura bénéficié d'un tel casting et aura accordé autant de place à chacun de ses protagonistes. Pour le reste, le scénario brille par son avant-gardisme (les dérives sécuritaires et les atteintes à la vie privée via Big Brother... à une époque à la TV réalité n'avait pas encore envahi les écrans), son suspens (l'identité de Brill, le sort de Rachel, la scène final du restaurant...) et son humour. Bref, "Ennemi d'Etat" est un petit bijou de thriller technologique qui ne bénéficie pas de la notoriété qu'il mérite !