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Jean-François S
53 abonnés
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1,5
Publiée le 6 janvier 2019
Ce deuxième film de Fasbbinder a été commandité par la télévision allemande. Une oeuvre sociale sur le racisme latent au sein d'une société allemande, qui ne s'est pas encore débarrassée entièrement des aprioris sectaires l'ère nazi. Le film est peut-être encore plus abstrait et expérimental que son précédant. Il enchaîne les scénettes abstraites dans une mise en scène minimaliste aux dialogues lancinants. Fassbinder fait à cette époque encore du théâtre filmé et pas encore de cinéma.
Encore une démonstration d'art à la Fassbinder hélas bien trop marginale, et devenue aujourd'hui très difficile à apprécier du fait du noir et blanc déjà mauvais, de l'absence de décors et de costumes et de la succession de scènes inutiles, ennuyeuses et répétitives.
La peur de l'étranger à travers une jeunesse allemande en perdition : sujet lourd et à première vue passionnant mais ici pris en charge par une mise en scène austère et systématique. Si "Le bouc" interpelle par ses procédés rigides (personnages disposés au millimètre dans le cadre, diction nonchalante qui reflète le désespoir des protagonistes, échos de scènes et de répliques), il signe en même temps son aveu d'échec par son incapacité à faire évoluer ses personnages – ils n'ont absolument aucune consistance – et à se renouveler sur le plan formel. On ne peut finalement même pas dire que le film est répétitif tant il s'en tient à être purement statique; cet immobilisme lasse vite tant il prend plus la forme d'une signature de l'Auteur tout-puissant qu'il ne sert le propos. Exercice de style réservé aux fans absolus de Fassbinder, "Le bouc" est particulièrement décourageant.
Un des premiers films de Fassbinder, déjà passionnant, où le microcosme choisi est admirablement observé, perturbé par un émigré joué par le cinéaste lui-même. Malgré son ton très théâtral, "Le bouc" est une oeuvre à contre-courant, très en avance sur son époque, notamment sur le rapport entre les sexes et la perception des étrangers dans les grandes démocraties occidentales.