Déjà à l’époque, "Daylight" n’avait pas vraiment fait l’unanimité en tant que film catastrophe. Je ne sais plus trop pourquoi (il date quand même de 1996). Revu 21 ans plus tard, il faut admettre que c’est assez convenu, et le héros sauveteur est un peu cliché malgré une belle tentative d’humanisation du personnage par le biais de périodes de découragement inavoué et de sérieux doutes. Bon, il faut reconnaître que dans une telle situation, il y a de quoi se décourager et être en prise avec les doutes. Dans ce sens-là, le personnage principal est assez bien décrit et plutôt bien interprété par Sylvester Stallone. Cependant les clichés ne sont pas complètement évités puisqu’ils font appel aussi aux gros bras de l’acteur tout en lui fournissant toujours ce qu'il lui faut sous la main comme les bastaings pour faire levier ou une grosse planche pour improviser un brancard. Mais concrètement, le déroulé n’offre pas vraiment de surprise, et "Daylight" répond au même schéma que l’on retrouve sur les films du genre tels que "La tour infernale" ou "L’aventure du Poséidon" : une poignée de survivants se retrouvent et luttent pour s’en sortir, parmi laquelle quelques personnages ne reverront jamais le jour tandis que dehors, on se dispute pour organiser les secours en privilégiant les enjeux financiers. Offrant quelque peu du déjà-vu, "Daylight" n’offre donc pas vraiment de surprise et paraît même presque répétitif, si ce n’est que l’histoire se déroule dans un tunnel, celui qui relie New York à Manhattan. A l’inverse des films catastrophes emblématiques, le scénariste Leslie Bohem a choisi de ne pas s’attarder sur un développement de tous les personnages auxquels le spectateur va avoir affaire. Sous la baguette de Ron Howard, il les présente, mais de façon succincte par une mise en scène fiévreuse, voire épileptique. Cela me parait être une bonne idée, en partant du principe que n’importe qui pouvait se retrouver dans ce tunnel promu artère vitale pour tous les banlieusards. En parallèle, Ron Howard et Leslie Bohem se sont attardés sur une succession de faits pour déclencher ce qui devait arriver. Aujourd’hui, il est clair que "Daylight" a vieilli. Pas tant dans les effets visuels, car ils sont corrects, surtout si on tient compte des immenses progrès faits en la matière depuis 1996. Déjà, en cette année-là, "Daylight" était attendu comme le blockbuster de ce millésime ! Mais la crédibilité… là il y a à dire. Bon il faut dire que les bons gros films des années 90 s’affranchissaient plus ou moins de la crédibilité, et ce long métrage ne déroge pas à la règle. En effet, on ne voit jamais les protagonistes souffrir de la chaleur alors qu’un incendie fait rage non loin de là. Tout le monde sait pourtant que la chaleur a vite fait de monter dans de tels cas… Et je ne parle même pas des mannequins bien visibles placés dans des véhicules soumis aux explosions. Malgré cela, le spectacle est au rendez-vous, avec des personnages en monsieur tout-le-monde, hormis Viggo Mortensen en mode beau gosse totalement imbu de sa personne tout simplement parce qu’il se croit invulnérable. Là aussi, c’est un peu cliché, mais il fallait bien quelqu’un avec une psychologie qui sorte du lot. Tout cela pour dire que le spectateur pas trop exigeant passera un agréable moment devant ce spectacle qui n’est rien d’autre qu’un divertissement, à plus forte raison s’il est un admirateur de Stallone. Pour le spectateur plus pointilleux, "Daylight" ne sera rien d’autre qu’un raté monumental ayant coûté la bagatelle de 80 millions de dollars, budget alors assez confortable. L’émotion est tout de même au rendez-vous, notamment par la relation que noue George (Stan Shaw) avec Kit (Stallone). En ce qui me concerne, c’est le zoom fait sur les tours jumelles du World Trade Center qui m’a inspiré le plus grand frisson, pour les raisons que nous connaissons tous depuis 2001. Dans tous les cas, étant typique de ce qu’il se faisait dans les années 90, "Daylight" se regarde avec un œil de l’époque si on veut profiter un minimum du spectacle offert. Un peu comme "Randonnée pour un tueur", ou plus dans le même genre (je veux dire catastrophe) "Volcano", pas très crédibles eux non plus.